Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Geymüller, Heinrich von: La vierge à l' Œillet: peinture attribuée à Léonard de Vinci
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0112

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nombre de points sont devenues possibles, en apportant même à la
mémoire la plus heureuse, des secours inappréciables. Ceci explique
le grand nombre de baptêmes d’œuvres jusqu’ici anonymes, auquel
nous assistons depuis un certain nombre d’années, ainsi que le nombre
plus considérable encore peut-être des tableaux que l’on débaptise.

En face de ces changements d’état civil, la prudence et une sage
réserve sont légitimes et naturelles. D’autre part, on ne peut nier
que ces qualités peuvent aller jusqu’à une méfiance et une incré-
dulité exagérées chez ceux des artistes ou des amateurs qui ne jugent
un maître que d’après un certain nombre de ses créations, de l’époque
de sa pleine maturité surtout, sans se préoccuper de la chronologie
de son œuvre tout entière, de l’histoire de son développement et du
milieu dans lequel il s’est opéré.

Pour aucun maître, dans l’état actuel de nos connaissances, les
difficultés de ces recherches ne sont plus grandes peut-être que lors-
qu’il s’agit de Léonard de Vinci. La rareté extrême de ses peintures
reconnues comme authentiques, les dégradations qu’elles ont subies,
le fait que la plupart sinon toutes appartiennent à une époque avan-
cée de sa carrière ou tout au moins à une période où sa personnalité
avait pris une indépendance absolue, les qualités d’une supériorité
exceptionnelle de pensée, de sentiment et d’exécution de ces œuvres,
tout cela réuni semble avoir contribué à former chez certains con-
naisseurs un étalon d’appréciation qui n’est nullement favorable aux
attributions hardies qui sembleraient s’écarter d’une façon un peu
marquée des types renfermés dans le groupe des œuvres à peu près
incontestées. On peut appeler cette tendance de voir l'opinion con-
servatrice. Dans ce camp, plusieurs, par crainte de commettre quelque
imprudence en admettant une œuvre, selon eux, indigne du maître,
tendent même à lui retirer la tète d’ange qui, au dire de Vasari, fut
peinte par Léonard, jeune encore, dans le tableau du Baptême du
Christ conservé à l’Académie de Florence.

Vasari a si bon dos, il a commis tant d’erreurs, qu’au gré de nos
convenances, nous croyons souvent pouvoir admettre ou rejeter son
témoignage sans trop effaroucher notre conscience ou celle des autres.
Dans le même camp, on a été jusqu’à proposer récemment de retran-
cher de l’œuvre du maître l’admirable portrait de femme en robe
rouge, du Musée du Louvre, connu généralement sous le nom de la
Belle Ferronniëre.

Dans un autre camp, par contre, on a cru pouvoir ajouter à
l’œuvre de Léonard de Vinci. Nous ne citerons que VAnnonciation, du
 
Annotationen