GRÈGE ET JAPON.
US
temps recours à cette simplification pratique. Pendant deux siècles,
ils ont représenté les visages de profil, tout en donnant au corps les
poses les plus variées. C’est seulement à la fin du ve siècle et au
début du vie qu’apparaissent les têtes de face et de
trois-quarts sur les monnaies et sur les vases; avant
cette période, les essais en ce genre sont rares, géné-
ralement maladroits et pleins d’inexpérience. Les
Egyptiens et les Assyriens avaient donné aux Hel-
.. lènes l’exemple de ce système qui permet d’éviter le
raccourci des traits du visage. Les Japonais, passés
D APRÈS KIYOKAGA. x x
maîtres dans l’art du dessin à une époque toute ré-
cente, initiés comme les autres peuples modernes aux lois scienti-
fiques de la perspective, n’avaient pas à se poser le même problème.
Mais, en vertu de la règle de simplification qui régit les arts populaires,
ils ont créé à leur usage une règle analogue. C’est la pose de trois-quarts
qui est devenue chez eux une convention. Dans la nombreuse galerie
d’estampes qu’on pouvait étudier à l’Exposition, à peine aurait-on
noté une dizaine de tètes vues de profil ou de face; toutes les autres,
quelle que soit d’ailleurs la position du corps, sont exécutées de trois-
quarts. Il y a là, outre la commodité pratique du procédé, une fine
observation de la nature vivante, car
il est rare que dans la réalité un vi-
sage se présente mathématiquement
de profil ou de face. Pour l’une et
l’autre de ces poses, il n’y a qu’un
seul plan possible, une seule attitude
de tête: pour la pose de trois-quarts
il y a une infinité de plans, une infi-
nité d’attitudes admissibles. Peut-être
aussi le type japonais, enfantin, effacé,
tout en rondeurs, en menus traits
perdus dans de larges joues, se pré-
sente-t-il naturellement sous le pin-
. 1 , . (Millingen, Peintures antiques et inédites
ceau dans son ensemble un peu indécis,
de Vases grecs, pl. 30.)
tandis que les Grecs, appelés à repro-
duire le type caractéritisque de leur race, rendaient d’instinct par
le profil les lignes régulières et les grands traits qu’ils avaient jour-
nellement sous les yeux.
Une autre convention, chère au Japon, est de couper les person-
nages à la taille et de les isoler dans un cadre ovale ou rectangulaire.
US
temps recours à cette simplification pratique. Pendant deux siècles,
ils ont représenté les visages de profil, tout en donnant au corps les
poses les plus variées. C’est seulement à la fin du ve siècle et au
début du vie qu’apparaissent les têtes de face et de
trois-quarts sur les monnaies et sur les vases; avant
cette période, les essais en ce genre sont rares, géné-
ralement maladroits et pleins d’inexpérience. Les
Egyptiens et les Assyriens avaient donné aux Hel-
.. lènes l’exemple de ce système qui permet d’éviter le
raccourci des traits du visage. Les Japonais, passés
D APRÈS KIYOKAGA. x x
maîtres dans l’art du dessin à une époque toute ré-
cente, initiés comme les autres peuples modernes aux lois scienti-
fiques de la perspective, n’avaient pas à se poser le même problème.
Mais, en vertu de la règle de simplification qui régit les arts populaires,
ils ont créé à leur usage une règle analogue. C’est la pose de trois-quarts
qui est devenue chez eux une convention. Dans la nombreuse galerie
d’estampes qu’on pouvait étudier à l’Exposition, à peine aurait-on
noté une dizaine de tètes vues de profil ou de face; toutes les autres,
quelle que soit d’ailleurs la position du corps, sont exécutées de trois-
quarts. Il y a là, outre la commodité pratique du procédé, une fine
observation de la nature vivante, car
il est rare que dans la réalité un vi-
sage se présente mathématiquement
de profil ou de face. Pour l’une et
l’autre de ces poses, il n’y a qu’un
seul plan possible, une seule attitude
de tête: pour la pose de trois-quarts
il y a une infinité de plans, une infi-
nité d’attitudes admissibles. Peut-être
aussi le type japonais, enfantin, effacé,
tout en rondeurs, en menus traits
perdus dans de larges joues, se pré-
sente-t-il naturellement sous le pin-
. 1 , . (Millingen, Peintures antiques et inédites
ceau dans son ensemble un peu indécis,
de Vases grecs, pl. 30.)
tandis que les Grecs, appelés à repro-
duire le type caractéritisque de leur race, rendaient d’instinct par
le profil les lignes régulières et les grands traits qu’ils avaient jour-
nellement sous les yeux.
Une autre convention, chère au Japon, est de couper les person-
nages à la taille et de les isoler dans un cadre ovale ou rectangulaire.