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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 3
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Chennevières, Henry de: Silhouettes de collectionneurs: M. Eudoxe Marcille, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0260

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SILHOUETTES DE COLLECTIONNEURS.

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nières, de la plume même de M. Marcille. Le surmènement de cette
entreprise de charité conduite à bien à force de courses et de veilles,
fut excessif pour un travailleur volontairement isolé, mais aussi, sa
joie fut grande de pouvoir, en versant les recettes de chaque jour à
la Société Taylor, assurer une rente d’environ mille francs à
Mme Quoyeser, rente réversible sur la tête du mari. L’infortunée n’eut
pas à en jouir de longues années, car elle mourut presque aussitôt,
et le mari à peu de temps d’elle. Malheureuse en cela comme son père,
le bonheur domestique n’avait jamais été son fait. Battue ou trompée
à tour de rôle, elle aurait pu prendre le droit de porter ses veuvages-
comme la Madame de Calville du Mercure galant. Ses premières
épousailles étaient Gabriel Deval, marchand de vins à Lorient, mort
suicidé le 8 septembre 1845, après la perte d’une petite fortune; les
secondes, en 1854, furent un sous-officier, en retraite à Metz, Chris-
tophe Démangé; puis venait Quoyeser, le 29 septembre 1858. Les neuf
années d’abandon du premier deuil avaient eu pourtant un secours
inespérable : Horace Yernet, averti on ne sait comment, du triste
sort de la fille de Prud’hon, lui avait fait obtenir un bureau de tabac :
c’était le morceau de pain au jour le jour. M. Marcille connut vers
la même époque le fils du maître, Eudamidas Prud’hon. Il revenait
alors de Toul, s’établir médecin à Neuilly. Camarade et intime de
Rogueron, le commentateur des Codes, M. Prud’hon se laissa vite
décider par son riche ami au séjour de Courville et il y fonda une
maison de santé. Ce frère était donc la note gaie de la famille. Garçon
et bon vivant, il ne semble même avoir connu aucune des délicatesses
passionnelles de sa race. Cela ne l’empêcha pas de fondre en larmes
chez M. Marcille à la vue des trésors du génie paternel, et de remettre
la croix d’honneur de 1808 et le cachet de Prud’hon au plus enthou-
siaste apôtre du grand artiste. Les relations de M. Marcille avec le
bureau delà Société Taylor en 1874, finirent par une admission trop
naturelle. Devenu membre de cette vaste association de secours si
bien en rapport avec ses besoins d’attentive humanité, il prenait fort
au sérieux son rôle de bienfaisance et ne connaissait aucun obstacle
aux services à rendre. Il partage désormais ses préoccupations de
Paris entre les intérêts de cette société et la jouissance toujours
nouvelle de sa chère collection, car l’air de sa collection, cet air
semble indispensable à l’aération de sa vie.

HENRY DE CHENNEVIÈRES.

(La fin prochainement.)
 
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