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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 4
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Chennevières, Henry de: Silhouettes de collectioneurs: M. Eudoxe Marcille, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0341

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310

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

application immédiate et probante. Sa manière toujours nouvelle et
toujours goûtée de comprendre l’hospitalité de sa galerie, n’est-elle
donc pas le signe le plus net de son expansion généreuse! L’intérêt
jaloux de ses collections ne le ferme nullement à l'envie de faire des
heureux, avec sa porte large ouverte. Combien compte-t-on, dans
Paris, d’accueils semblables à celui de M. Marcille? Combien, à
l’inverse, combien de cabinets, même des plus gros, restent systé-
matiquement cadenassés ! Ah, ils ne sont guère princes, les enrichis
du jour! et, si la liberté de plume nous était permise, il y aurait
beau chapitre à consacrer à leurs mystérieuses compétences d’art
tout comme à leur honteux parti pris d’exclusion générale. M. Mar-
cille fait la plus contrastante opposition à cet égoïsme brutal, et il
lui arrive plus d’une fois de vous remercier, dès son seuil, du
bonheur de vous recevoir. Cette bienvenue ne laisse pas de confondre
le visiteur et lui dore davantage, si possible, les surprises de la
maison. Chaque lundi, le maître tient galerie ouverte, et c’est la
chose du monde la plus naturelle de le voir commencer et recom-
mencer pour tout nouvel arrivant la notice et l’historique des toiles
en évidence. On sort de là, gagné par le charme de l’homme et du
cadre, et incapable désormais de comprendre l’un sans l’autre. Pour
premier abord des collections parisiennes, rien ne vaut le début chez
M. Marcille, car il fait aimer les oeuvres et les amateurs. Son nom
est comme historique, et l’Académie des Beaux-Arts aurait peut-être
tort de ne pas s’en souvenir un jour. Ils sont rares les esprits de
désintéressement et de clair amour du beau : aussi devrait-on faire
en sorte de ne pas leur préférer des personnalités à préoccupations
plutôt étrangères.

Longtemps encore l’art du xvme siècle sera courtisé chez nous ;
mais, s’il venait à reperdre son prestige reconquis, les gens de goût
d’alors pourraient reprendre une orientation nouvelle sur ce nom des
Marcille, bien fait pour rester synonyme de haut goût et d’ardente
hospitalité envers les chefs-d’œuvre et leurs admirateurs.

HENRY DE CHENNEVIÈRES.
 
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