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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Pierre Breughel le Vieux, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0398

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362

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

abuser, permettre à son imagination de planer dans les sphères de
l’incohérence, au point de laisser croire que le choix d'une donnée
se subordonne pour lui au moyen d’y pouvoir introduire la note gro-
tesque. Tel, pourtant, n’est point le cas, et à notre époque, légitime-
ment hère d’avoir remis en honneur des maîtres tels que Frans
Hais, Adrien Brouwer et Rembrandt, il sied de voir en Pierre
Breughel une personnalité artistique très supérieure à la simple
préoccupation du drôle ou même de l’imprévu.

Jérôme Cock a contribué pour une part considérable à la popularité
de Breughel, Malheureusement il a contribué aussi devant l’histoire
à égarer les jugements sur la vraie signification de ce peintre ex-
traordinaire. Les planches sorties de la boutique des Quatre-Vents
ne reproduisent point des tableaux, mais toujours des dessins, dessins
précieux, à la vérité, créés expressément pour elles. Tracés à la plume
avec infiniment de finesse — Van Mander avait loué chez Breughel
son adressé à ce genre de travail —, ces modèles, à peine relevés
d’ombre, se défigurent considérablement sous la main de graveurs,
plus soucieux, faut-il croire, d’en traduire l’effet que d’en rendre le
juste caractère.

La circonstance serait secondaire si, par malheur, au cours des
siècles, sur le fonds premier d’une imagerie très répandue, n’était
venu s’édifier un Breughel en quelque sorte imaginaire, solidaire,
devant l’histoire et devant les hommes de goût, de tous les écarts
de faussaires sans scrupule, dont l’audacieuse entreprise ne connaît
pour limite que leur propre insuffisance.

Mais cette insuffisance, encore faut-il qu’on la constate, chose
facile, attendu que les Breughel authentiques, rares de tout temps,
se sont immobilisés dans deux ou trois galeries passablement excen-
triques, dont la visite n’est point habituelle. Sans porter atteinte à
aucune susceptibilité, l’on peut établir en principe que nombre de
connaisseurs excellents ont des notions très vagues sur les procédés
d’un des peintres les plus exquis que soit en état de produire l’École
flamande.

Il importait de faire cette réserve avant de diriger l’attention très
particulière du lecteur vers les estampes mises au jour par le burin
des collaborateurs de Jérôme Cock.

Indiscutablement authentiques en ce qui concerne l’origine, ces
planches offrent encore, avec l’intérêt spécial de nous rapprocher des
débuts du maître, un aperçu de ses premières tendances, caractérisées
par un ordre de recherches abandonné après un temps relativement
 
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