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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 5
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0426

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FRANÇOIS RUDE.

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mécontentement touche à son comble. Les uns réclament à grands
cris un jury impartial, nommé par élection. Les autres vont plus
loin et demandent hardiment un salon libre où n’intervienne le jury
que pour sauvegarder les mœurs. C’est une agitation ardente et qui
se prolonge quelques mois. Mais déjà les Académiciens sont invités
à préparer, par l’examen des œuvres, le Salon de 1848. Rien ne sera
changé, malgré tout, aux pratiques adoptées. Or, subitement éclate
la Révolution. La liberté de l’exposition est décrétée. Le jury de
l’ancienne liste civile n’a qu’à précipiter sa fuite.

Une commission, issue du suffrage universel, sera simplement
chargée du rangement des toiles et des statues. Le vote a lieu à
l’Ecole des Beaux-Arts. O surprise ! Acôté de vieux noms académiques,
des noms nouveaux en quantité sortent de l’urne. Delacroix, Decamps,
Corot, Jules Dupré, Théodore Rousseau, Ary Scheffer seront, pour
la peinture, les collègues de Brascassat et d’Abel de Pujol. Pour la
sculpture, Barye, Rude et David d’Angers passent ensemble. Rude
exulte à ce point du triomphe qu’il se décide, sur-le-champ, à exposer
son Monge.

Le Salon de 1848 est resté légendaire pour son étonnant chaos.
On y a vu, dans la plus drolatique incohérence, de belles œuvres et
des essais de vitriers. Cette expérience de la liberté illimitée de l’ex-
posant a fait, heureusement, renoncer à ce faux principe. Néanmoins,
le régime de l’arbitraire est fini. Désormais, les jurys seront élus,
en totalité ou en partie, mais de façon à réserver, en tout état de
cause, des garanties aux intéressés. On n’a plus à craindre pour un
mouvement d’art les entraves d’un tribunal officiel. La cause des
indépendances est gagnée et Rude est réconcilié avec l’exposition
affranchie.

XXXII

Je viens de montrer François Rude en face du Salon; il ne sera
pas hors de propos d’indiquer son attitude vis-à-vis de l’Académie.
Nous le savons, de longue date, fortement hostile à l’académisme,
encore qu’il ait, dans l’esprit et dans le talent, de grands accents
classiques. Nous avons vu, d’autre part, l’Institut jeter le blâme sur
son enseignement, comme par représailles, en barrant l’accès du
Louvre à ses élèves. Entre ses adversaires et lui, une incompatibilité
radicale a tout l’air de régner. Eh bien, non! Par une nouvelle con-
tradiction, par un illogisme aussi humain que bizarre, le maître
 
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