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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: François Gérard, 1: d'apres les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0493

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450

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Daphnis et Chloé, et plus encore ses deux grandes pages d’histoire : la
Bataille d’Austerlitz et VEntrée de Henri IV à Paris. Toutefois cette
légitime immortalité n’est qu’un reflet de la gloire de Gérard vivant
et ne saurait donner une idée exacte de la haute situation qu’il
occupa pendant le premier tiers de ce siècle. De 1800 à 1837, Gérard
règne presque en chef absolu dans le domaine de la peinture. Il n’est
point de souverain, point d’homme célèbre qui ne tienne à honneur
devoir ses traits reproduits par lui. Au début de la Restauration, il
donne séance, dans la même journée, à trois monarques, et on peut
l’appeler sans trop de flatterie, le roi des peintres et le peintre des
rois. Son salon, dont les honneurs étaient faits par Mme Gérard et par
lui avec un esprit de haute distinction et un tact parfait, est le rendez-
vous de tout ce que l’Europe compte d’illustre par la naissance et le
talent. On eût pu y rencontrer Mme de Staël et Chateaubriand,
Talleyrand et Mrae Récamier, le comte Pozzo di Borgo et Mme du Cayla,
Humboldt, M. Decazes, Lafayette et le comte de Noailles, Ducis,
Andrieuxet Béranger; société brillamment variée qui venait rendre
hommage au grand peintre et à l’hôte courtois et séduisant. Pour
les étrangers, l’accueil dans le salon ou l’atelier de Gérard était une
faveur sollicitée avec empressement et appréciée avec reconnais-
sance.

Les deux élégants volumes, illustrés de quatorze beaux portraits à
l’eau-forte, que le neveu du peintre a consacrés à la mémoire de son
oncle, rendent un éclatant témoignage de cette renommée européenne.
Ils montrent Gérard en correspondance suivie avec les principaux
personnages de la France et de l’étranger, traité par eux, même par
les princes des maisons régnantes, avec une déférence et un respect
qui ne se démentent jamais. Ces lettres sont le meilleur commen-
taire de la notice sur la vie et les œuvres de François Gérard qui les
précède, et où la longue carrière du glorieux artiste est racontée et
appréciée avec beaucoup de tact et de sobre modestie. Disposées
autant que possible par ordre chronologique, elles correspondent aux
diverses phases de cette existence si bien remplie, et nous permet-
tront de la suivre, pour ainsi dire, pas à pas.

I

Ce peintre si français naquit hors de France en 1770, à Rome, où
son frère était attaché à la personne de l’ambassadeur du roi Louis XV.
 
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