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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: François Gérard, 1: d'apres les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0507

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FRANÇOIS ÉRARD. 4fi3

premiers rayons du soleil parurent derrière i ^alel, le pape et les cardinaux
debout, les militaires, les chefs de chaque ordre et le peuple prosternés, et répé-
tant les paroles de chaque strophe en pleurant... Le Saint Père monta en voiture
au pied de l’église, aux sons de cent cloches en mouvement, et des regrets d’une
foule immense » (Rome, 4 novembre, an XIII.)

Des deux éditions qu’il fit du portrait de Canova, Gérard offrit
l’une à David 1 et l’autre à Talleyrand. Tous deux le remercièrent
chaleureusement de ce beau présent. David écrit à son ancien élève :

« Ce 15 février 1809.

« Mon cher Gérard, que de grâces n’ai-je pas à te rendre du cadeau rare et
précieux que tu viens de me faire I Le portrait do Canova peint par Gérard, sais-lu
bien quelle chose curieuse est un pareil objet? Mais songe aussi au cas que j'en
fais. Je vais cependant m'occuper des moyens de t’en mieux prouver ma recon-
naissance, car un ouvrage de moi ne sera qu’un faible acompte; mais l’amitié
n’est pas représentée avec la balance, et c’est là précisément ce qui la rend divine;
elle est désintéressée. »

Le remerciement de Talleyrand est d’un tout autre ton, mais non
moins cordial à sa manière :

« Paris, ce 21 février 1809.

« La grâce que vous mettez, mon cher Gérard, à me donner le portrait de
Canova me force de renoncer au principe que je me suis fait et ajoute à ma recon-
naissance. Vous rendez bien difficile d’aller dans votre atelier, puisqu’on ne peut
sans danger dire ce qu’on y aime et ce qu’on admire. »

Un des plus aimables parmi ces témoignages de gratitude qui
arrivaient à Gérard de tous les points de l’Europe, est le gracieux
billet qu’il reçut de la princesse de la Tour et Taxis, duchesse de
Mecklembourg ;

« Ratisbonne, le 29 mai 1812.

« Monsieur,

« Vous serez sans doute bien aise d’apprendre que le portrait que vous avez
fait partir de Paris au mois d’aoùt est arrivé très heureusement ici, il y a peu de
jours; quant à moi, il me tarde de vous offrir mes remerciements, Monsieur, des
soins que vous avez mis à l’exécution de ce tableau. Mes parents et amis sont
enchantés de la ressemblance et chaque connaisseur et non connaisseur admire à
sa manière la composition, la grâce et la force de l’exécution. Mes enfants, sans
se l’avouer à eux-mêmes, jouissent de l’idée que je serai encore parmi eux lors
même que la nature aura prononcé l’arrêt de notre séparation, et jugez combien
je vous suis obligée de leur transmetlre ma mémoire sous des formes aussi
agréables.

1. Acquis par le Musée du Louvre à la vente Dubois.
 
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