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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0080

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FRANÇOIS GÉRARD.

pénible de vous écrire dans de mauvaises dispositions d’esprit; je n’aurais fait
que vous ennuyer de plaintes sans nombre, j’ai voulu vous les éviter. Vous avez
approuvé mon retour en Italie, mais vous auriez peut-être blâmé mon inconsé-
quence de venir dans un pays que je ne connaissais point, pour y commencer de
suite un tableau qui aurait demandé des études préliminaires et bien des obser-
vations. Enfin, après bien trop de peines et de temps, je suis arrivé à le finir.
Quoiqu’il ait été vu ici avec intérêt, je ne sais encore ce que je dois en penser.
Je ne vous parlerai pas de ma longue persévérance ni de tout ce qu’elle m’a fait
surmonter; elle pourrait m’attirer une trop grande indulgence, qui ne pourrait
s’accorder avec le jugement juste qu’un artiste doit savoir écouler et dont il peut
profiter. J’ose le réclamer de vous, Monsieur; j’ai toujours apprécié grandement
vos conseils et j’y attache tout le prix qu’ils méritent; votre approbation serait
un des encouragements que j’aimerais avoir; personne plus que moi ne sait tout
ce qu’elle a de flatteur, mais je ne voudrais pas que trop de bonté me la fît
obtenir.

« Sclinelz me fait le plaisir de m’informer que votre santé est bonne, et il me
parle même de votre bon souvenir; je ne sais comment vous en remercier assez.
Mon frère me parle bien souvent des bontés que vous avez eues pour lui ; veuillez
être sûr qu’il mérite votre bienveillance par les sentiments qu’il a pour vous.
Je serais heureux d’apprendre que ses tableaux méritassent votre attention,
Monsieur. 11 en aura plusieurs à l’Exposition, qui ont reçu des éloges ici. Bien des
raisons me privent du plaisir de retourner à Paris actuellement; l’espoir de
retrouver en vous une affection qui m’honore m’y aurait beaucoup attiré. Le
bonheur d’entendre vos raisonnements et l’avantage de voir dans les productions
de votre génie ce sentiment de noblesse et de dignité qui, quand il est aussi bien
accompagné, les place où il est si difficile d’arriver, auraient été bien sentis.
Je vous prie de croire, Monsieur, que je garderai toujours comme des faveurs
particulières les marques de votre souvenir. » (Ch. Lenormant, François Gérard,
p. 69-70.)

Gérard ne rendit pas de moindres services à Ary Scheffer à
l’heure pénible des débuts, lorsque, découragé par d’injustes criti-
ques, le jeune peintre allait renoncer aux pinceaux. Plus tard,
vers 1840, Ary Schefter sut reconnaître, avec une loyale franchise,
tout ce qu’il devait à Gérard et il écrivait la lettre suivante à
Ch. Lenormant qui préparait alors une notice biographique sur
le maître :

« Paris, vers 1840.

« Élève de Pierre Guérin, j’exposai en 1819 un grand tableau représentant le
Dévouement des six bourgeois de Calais. Ce tableau déplut excessivement aux
aristarques du moment, et le journal La Renommée, entre autres, consacra trois
grandes colonnes à prouver que c’était non seulement l’œuvre d’un mauvais
artiste, sans talent et sans savoir, mais encore l’œuvre d’un mauvais Français.
J'étais très pauvre, très ignoré, et je restai anéanti sous l’anathème. Je fus bien
étonné quand mon maître m’annonça que M. Gérard désirait connaître le jeune
auteur du malheureux tableau. Je me rendis chez lui, il me reçut avec cette
 
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