Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Renan, Ary: Kairouan, 2: l'art arabe dans le Maghreb
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0055

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
KAIROUAN.

43

raient être qualifiées de poternes. Celle qui s’appelle Lalla-Réjane est
cependant d’une architecture assez élégante, qui se devine encore
sous le coup de balai fatal des crépisseurs. Des colonnes antiques
la supportent.

L’intérieur se compose d’un vestibule ouvrant sur une immense
cour entourée des quatre côtés par un spacieux portique. Un petit
édicule, dont nous parlerons plus loin, ainsi que le pesant minaret,
sont enclavés dans le rectangle et font saillie à l’extérieur. La salle
unique de la mosquée même se développe sur tout un côté de ce rec-
tangle, regardant vers le nord.

Le portique est à double nef sauf la galerie nord, et les arcs sont
supportés par des colonnes antiques, tantôt accouplées simplement,
tantôt accouplées et adossées à des pilastres; là s’ouvrent les portes
des cellules réservées aux étudiants. A la vérité toute la mosquée
n’est qu’une forêt de colonnes antiques. El-Bekri en a compté quatre
cent quatorze, et le chiffre doit être authentique; il augmentait sans
doute à chaque reconstruction, et les quatre architectes successifs
ont dû se piquer d’honneur d’ajouter chacun de nouveaux fûts de
marbre.

D’où provient une pareille quantité de colonnes, des matières les
plus diverses et des modules les plus variés?

Il n’existait pas de localité antique importante aux environs
mêmes de Kairouan, car il est peu probable que l’emplacement de
Sabra soit celui du Vicus Augusti des itinéraires. Je suppose de plus
que l’élégante El-Mansouriah du xe siècle et que Rokkada et El-
Abbacia consommèrent pour leur part un grand nombre de restes
antiques ; on montre encore, à Sabra, gisant à terre, deux colonnes
de près d’un mètre de diamètre en marbre rouge violacé, les
« colonnes de sang ». Attaquées par le pic des démolisseurs, ces
deux colonnes roumies pleurèrent le sang, dit la légende. Nous
croyons que leur poids seul arrêta les architectes de Kairouan. Il
faut donc que la ville religieuse et la ville profane aient été au loin
chercher tant de dépouilles. L’opinion des gens du pays d’après
laquelle une grande partie des matériaux proviendrait des carrières
antiques de Cbemtou (Simittu) situées bien loin de Kairouan, sur la
route de Tunis à Ghardimaou, ne parait pas soutenable.

D’autre part, la grosse ruine de Su/fetula (Sbeïtla) oû trois temples
antiques sont encore debout, fut sauvée de la destruction arabe par
le fait que la construction est en pierre. Les Kairouanais ne recher-
chaient que des colonnes monolithes, pour élever dessus des arceaux
 
Annotationen