THÉODORE DECK
CÉRAMISTE
1823- 189 1
En Deck vient de dispa-
raître une des plus curieuses
personnalités artistiques de
ce temps.
C’était un grand vieillard
de belle preslance, au visage
intelligent et doux. Une barbe
de dieu Scandinave coulait
sur sa poitrine. L’œil mali-
cieux., et rêveur en même
temps, avait le regard hallu-
ciné de ceux qui cherchent à
capter l’insaisissable charme
des nuances. Il parlait d’une
voix calme où l’on sentait
un peu de lassitude. Son dis-
cours était accentué de gestes
menus, qu’il élargissait par-
fois pour relever sa crinière
léonine. En l'abandon des
causeries, ses familiers l’avaient appelé le « Père Éternel » ; sa bonhomie coutu-
mière l’en[faisait sourire, ne s’alarmant pas d’une intimité qu’il croyait utile entre
maître et élèves. Et il était curieux de voir à Sèvres, dans le grand salon qu’ornent
les panneaux du peintre des fêtes galantes, cette étrange ligure échappée de quelque
conte allemand. Il vivait entouré de vieux et de jeunes amis qu’attiraient là sa
compagnie charmante et son aimable caractère.
Et si l’homme,' lui-même, était original par ses habitudes, par sa manière
d’être et d’agir, l’œuvre ne l’est pas moins pour qui la considère dans toute son
étendue. Ayant commencé par être apprenti dans un métier, Deck est, peu à peu,
CÉRAMISTE
1823- 189 1
En Deck vient de dispa-
raître une des plus curieuses
personnalités artistiques de
ce temps.
C’était un grand vieillard
de belle preslance, au visage
intelligent et doux. Une barbe
de dieu Scandinave coulait
sur sa poitrine. L’œil mali-
cieux., et rêveur en même
temps, avait le regard hallu-
ciné de ceux qui cherchent à
capter l’insaisissable charme
des nuances. Il parlait d’une
voix calme où l’on sentait
un peu de lassitude. Son dis-
cours était accentué de gestes
menus, qu’il élargissait par-
fois pour relever sa crinière
léonine. En l'abandon des
causeries, ses familiers l’avaient appelé le « Père Éternel » ; sa bonhomie coutu-
mière l’en[faisait sourire, ne s’alarmant pas d’une intimité qu’il croyait utile entre
maître et élèves. Et il était curieux de voir à Sèvres, dans le grand salon qu’ornent
les panneaux du peintre des fêtes galantes, cette étrange ligure échappée de quelque
conte allemand. Il vivait entouré de vieux et de jeunes amis qu’attiraient là sa
compagnie charmante et son aimable caractère.
Et si l’homme,' lui-même, était original par ses habitudes, par sa manière
d’être et d’agir, l’œuvre ne l’est pas moins pour qui la considère dans toute son
étendue. Ayant commencé par être apprenti dans un métier, Deck est, peu à peu,