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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 3: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0092

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

1g centre de la vie artistique, des maîtres de plus grande importance
et qui ont su s’acquitter avec plus de génie des travaux que leur
commandaient tous les souverains de l’Europe; mais combien d’entre
eux auraient été capables de vivre un demi-siècle loin de leur
pays, sans rien perdre de leur dignité; d’accomplir les besognes
les plus diverses, souvent en dépit des plus terribles difficultés ;
d’imposer à leur siècle tout entier, tant comme artistes que comme
professeurs, le sceau de leur personnalité ; enfin d.e se montrer tou-
jours à la hauteur de l’amitié du plus grand prince de l’époque?
Aussi ne redouté-je point d’être accusé d’injuste partialité en
faveur d’un peintre dont je me suis occupé pendant des années et
n’hésité-je pas à tenir pour un artiste de premier ordre cet Antoine
Pesne qui a toujours su se montrer absolument digne des tâches qui
lui ont été confiées.

Aucun document ne peut, malheureusement, nous renseigner
sur la façon dont le grand roi a été affecté de la perte de son peintre
préféré. Frédéric était alors en campagne, serré vivement par ses
ennemis, qui menaçaient d’anéantir le petit royaume de Prusse. La
guerre de Sept Ans laissait au roi peu de loisirs pour songer à ses
entreprises artistiques, notamment dans cette année où, quelque
temps après la défaite de Collin, il avait perdu sa mère toujours
chérie. Aussi dois-je me contenter de citer ici quelques mots sur
Pesne que Frédéric a prononcés quatre ans avant la mort du
peintre, dans son Éloge funèbre de Knobelsdnrff. L’exorde de cet éloge
ne s'adresse pas moins à Pesne qu’à l’architecte son ami, et, à ce
titre, doit trouver ici sa place :

« Le caractère du génie est de pousser fortement ceux qui en
sont doués à s’abandonner au penchant irrésistible de la nature, qui
leur enseigne à quoi ils sont propres : de là vient que tant d’habiles
artistes se sont formés eux-mêmes et se sont ouvert des routes
nouvelles dans la carrière des arts. Cette puissante inclination se
remarque surtout dans ceux qui sont nés poètes ou peintres. » Plus
loin, Frédéric caractérise la manière artistique de Pesne; et c’est
avec ces paroles du grand roi que nous voulons conclure notre
étude : « Knobelsdorff lia amitié avec le célèbre Pesne et il n’eut
point honte de lui confier l’éducation de ses talents. Sous cet habile
maître, il étudia surtout ce coloris séduisant qui, par une douce
illusion, empiète sur les droits de la nature en animant la toile
muette ».

PAUL SEIDEL.

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