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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Renan, Ary: Kairouan, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0057

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KAI ROUAN.

43

« Les fragments byzantins, dit M. Saladin *, sont en très grand
nombre à Kairouan. A la mosquée du Barbier nous remarquons un
petit chapiteau avec quatre aigles aux quatre angles ; dans la mosquée
de Sidi-Okba un très grand nombre de chapiteaux byzantins, de
différentes époques, qui sont du plus grand intérêt, à cause de leur
conservation. Ils permettent de comparer l’école africaine à l’école
orientale et de retrouver ici, comme en Asie, les dégénérescences du
corinthien et de l’ionique, les chapiteaux à corbeille, comme à
Jérusalem et à Constantinople, et les feuillages secs et repercés
seulement que l’on retrouve jusqu’en Egypte. Le faire de beaucoup
de ces chapiteaux, la matière dans laquelle ils sont sculptés, tout
porte à croire que la plupart d’entre eux sont l’œuvre d’artistes
grecs. 11 ne serait pas surprenant que les plus beaux morceaux eussent
été apportés de Constantinople à Sousse, ou à une des villes de la
côte. »

J’ajouterai que la Sicile dut être, à cause de son voisinage, mise
à contribution la première.

Sur ces admirables supports, les architectes de Kairouan n’ont su
élever que des voûtes précaires et relativement basses. La nef
médiane et la coupole du mihrab qui la termine sont seules un peu
plus soignées et agrémentées d’ornements en plâtre assez fins; c’est
un échantillon du style arlébite qui ne mérite pas les formules
admiratives d’El-Bekri. Partout les arcs, bâtis sommairement,
reposent sur de faux tailloirs en bois ; des barres de bois maintiennent
les entre-colonnements; point de revêtements riches; point de beau
pavé, ni de mosaïques, malgré le voisinage de Sousse où cet art fut
si cultivé; on ne rencontre, en levant les yeux, que des voûtes et
des plafonds presque nus. Quelques vitraux à la mode orientale
les éclairent pourtant mystérieusement; quand les portes sont
ouvertes, un jour frisant glisse sur les nattes et vient caresser les
matériaux païens, les marbres, les onyx, les granits, en décelant la
misère du crépissage arabe.

Pour soutenir la coupole du mihrab, les colonnes sont assemblées
trois par trois. Dans un de ces groupes, deux hautes colonnes de
porphyre rouge d'Egypte se dressent dans toute leur majesté.

Nous en avons déjà entendu parler par El-Bekri.

Ce mihrab, disons-le bien vite, est religieusement beau. On sait
que le mihrab est une niche consacrée, juste assez grande pour enca-

L Archives des Missions scientifiques, etc., 3e série, t. XIII (1887), p. 31.
 
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