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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Renan, Ary: Kairouan, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0063

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KAIROUAN.

SI

croisent entre les colonnes, nuisent, à Kairouan, à l’impression que
devraient produire les voûtes et quelle sensation de pauvreté décente
s’exhale de la peinture générale au lait de chaux. Il en est de même
de l’architecture civile. On chercherait vainement des rues à hautes
maisons, des bazars semblables à des nefs profondes. Nous sommes
dans un Orient rasé, pour ainsi dire, à hauteur d’homme, dans des
provinces sans génie propre sur lesquelles ont régné des dynasties
chancelantes et pauvres. Les Almohades et les Almoravides de
Tunisie n’ont pas égalé leurs frères d’Espagne, et les Arlébites sont
restés inférieurs aux Toulounides.

Si l’on trouvait nos appréciations un peu sévères, nous pourrions
en appeler encore une fois à lbn-Khaldoun et à ses lumineux Prolégo-
mènes. L’homme qui a écrit le chapitre intitulé : « Pourquoi la
plupart des édifices bâtis par les Arabes tombent promptement en
ruine » n’a qu’une médiocre estime pour tout ce qu’il a vu dans le
Maghreb. En sa qualité de Sévillan, il connaît les chefs-d’œuvre de
l’art arabe en Espagne et n’hésite pas à dire que « c’est en Espagne
que tous les arts arrivèrent à la perfection ». Pour ce qui nous
occupe, voici comment il traite les artiMes de Kairouan : « Les
Arlébites et les Arabes qui étaient à leur service possédèrent quelques
notions de civilisation sédentaire, qu’ils devaient à l’influence du luxe et
du bien-être et à la grande population qui remplissait Kairouan ». Je
lis encore plus loin : « L’écriture dont on se servait à Kairouan est
maintenant oubliée ainsi que les coutumes et les arts particuliers à
cette capitale. »

Zaoiïïa de Sidi-Sahab. Le tombeau vénéré de celui qu’on appelle
communément le barbier du Prophète et qui n’était en réalité que son
compagnon d’armes, est situé hors la ville, au bout du faubourg
des Zlas, dans une plaine d’alluvions desséchées, un petit Sahara (El
Belouia). Près de là est un mur derrière lequel s’arrêtaient jadis les
Juifs, et d’où ils envoyaient des intermédiaires chercher à la ville du
pain et de l’eau. En ce temps, les infidèles ne pouvaient entrer dans
Kairouan ; s’ils y entraient, ils y mouraient dans la nuit.

Abou-Zemaa-el-Beloui, le preux arabe qui dort dans l’enceinte
de la zaouïa, fut un des premiers conquérants de l’Ifrikia. Le Pro-
phète, auprès duquel il avait guerroyé, lui fit cadeau de trois poils
de sa barbe, et le digne guerrier recommanda qu’on l’enterrât avec
un de ces poils sur chaque paupière et le troisième sur sa langue. Il
serait mort en l’an 60 de l’hégire (685), et son tombeau, encore
 
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