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GAZETTE DES BEAUX-AItTS.
était décédé, mais aussi à Bruges. A Bruges, la dette mortuaire à
payer de ce chef s’éleva à 4 escalins, 2 deniers de gros, dont 12 gros
pour le poêle, 4 pour le clerc et 4 pour la messe. Un texte signale
aussi la présence de cet enlumineur à Anvers en 1514. Mais il n’y
était probablement venu que pour affaires de famille et ne dut pas y
travailler, car son nom n’est pas inscrit sur les registres ou Lvjgeren
de la gilde de Saint-Luc de cette cité.
Les documents d’archives qui nous ont transmis toutes ces indi-
cations ajoutent encore un détail intéressant. Pour obtenir l'inscrip-
tion à la gilde des peintres et sculpteurs de Gand, il fallait des
répondants, des espèces de parrains: Alexandre Bening eut pour un
des siens un des plus grands maîtres de la primitive Ecole flamande,
Hugo Van der Goes. Cette particularité trouve d’ailleurs son expli-
cation dans une alliance de famille. Alexandre Bening avait épousé
Catherine Van der Goes, qui, comme son nom l’indique, devait être la
sœur ou du moins la parente de Plugo. De cette union naquirent deux
fils, Simon et Paul, et une fille Cornelia, mariée d’abord à André
Haliberton d’Anvers, et ensuite en seconde noces à maître Jean Van
der Gheere, de la même ville 1.
Le nom de famille de Bening ou Benning est écrit de bien des
manières différentes dans les documents du temps : Bénin, Benyn,
Benyngh, Bennyngh, Benig, Bieninc, Beninc, Benninck, et même
Bering, Berning, Bernic et Bernick. Mais très fréquemment, lors-
qu’il s’agit d’Alexandre Bening, les textes, et notamment les comptes
de la gilde de Bruges, ne le désignent que par son seul prénom :
maître Alexandre, en flamand « meester Sanders ».
Il n’y avait rien là du reste que de tout à fait conforme aux
habitudes de l’époque. En effet, au xve et au xvis siècles, tandis qu’en
France les artistes étaient généralement désignés par leur nom de
famille, en Flandre, au contraire, de même qu’en Italie, c’était le
nom de baptême qui était employé de préférence, tout au plus suivi
d’une indication du lieu de naissance ou d’origine. Dans tous les vieux
auteurs, dans la Couronne margaritique, ou dans la Plainte du désiré de
Jean Lemaire de Belges, par exemple, ou encore dans les vers de
Jean Pèlerin, dit le Viateur, en tête de son traité De artificiali perspec-
tiva, tout comme chez Cyriaque d'Ancône ou dans la chronique rimée
1. Edmond de Busscher, Recherches sur les peintres gantois, p 161. — Le même,
article sur Alexandre Bening, dans la Biographie nationale de Belgique, II, col. 156-
159. — W. H. J. Wheale, Documents inédits sur les enlumineurs à Bruges, dans le
Beffroi, II, p. 306, et IV, p. 313 et suiv.
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était décédé, mais aussi à Bruges. A Bruges, la dette mortuaire à
payer de ce chef s’éleva à 4 escalins, 2 deniers de gros, dont 12 gros
pour le poêle, 4 pour le clerc et 4 pour la messe. Un texte signale
aussi la présence de cet enlumineur à Anvers en 1514. Mais il n’y
était probablement venu que pour affaires de famille et ne dut pas y
travailler, car son nom n’est pas inscrit sur les registres ou Lvjgeren
de la gilde de Saint-Luc de cette cité.
Les documents d’archives qui nous ont transmis toutes ces indi-
cations ajoutent encore un détail intéressant. Pour obtenir l'inscrip-
tion à la gilde des peintres et sculpteurs de Gand, il fallait des
répondants, des espèces de parrains: Alexandre Bening eut pour un
des siens un des plus grands maîtres de la primitive Ecole flamande,
Hugo Van der Goes. Cette particularité trouve d’ailleurs son expli-
cation dans une alliance de famille. Alexandre Bening avait épousé
Catherine Van der Goes, qui, comme son nom l’indique, devait être la
sœur ou du moins la parente de Plugo. De cette union naquirent deux
fils, Simon et Paul, et une fille Cornelia, mariée d’abord à André
Haliberton d’Anvers, et ensuite en seconde noces à maître Jean Van
der Gheere, de la même ville 1.
Le nom de famille de Bening ou Benning est écrit de bien des
manières différentes dans les documents du temps : Bénin, Benyn,
Benyngh, Bennyngh, Benig, Bieninc, Beninc, Benninck, et même
Bering, Berning, Bernic et Bernick. Mais très fréquemment, lors-
qu’il s’agit d’Alexandre Bening, les textes, et notamment les comptes
de la gilde de Bruges, ne le désignent que par son seul prénom :
maître Alexandre, en flamand « meester Sanders ».
Il n’y avait rien là du reste que de tout à fait conforme aux
habitudes de l’époque. En effet, au xve et au xvis siècles, tandis qu’en
France les artistes étaient généralement désignés par leur nom de
famille, en Flandre, au contraire, de même qu’en Italie, c’était le
nom de baptême qui était employé de préférence, tout au plus suivi
d’une indication du lieu de naissance ou d’origine. Dans tous les vieux
auteurs, dans la Couronne margaritique, ou dans la Plainte du désiré de
Jean Lemaire de Belges, par exemple, ou encore dans les vers de
Jean Pèlerin, dit le Viateur, en tête de son traité De artificiali perspec-
tiva, tout comme chez Cyriaque d'Ancône ou dans la chronique rimée
1. Edmond de Busscher, Recherches sur les peintres gantois, p 161. — Le même,
article sur Alexandre Bening, dans la Biographie nationale de Belgique, II, col. 156-
159. — W. H. J. Wheale, Documents inédits sur les enlumineurs à Bruges, dans le
Beffroi, II, p. 306, et IV, p. 313 et suiv.