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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Durrieu, Paul: Alexandre Bening et les peintres du Bréviaire Grimani, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0075

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ALEXANDRE BENING.

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Or, un cas analogue se présente dans le manuscrit du Boëce de
Louis de Bruges. Dans la seconde miniature, on voit à droite de la
composition, derrière une grande figure de la Fortune, un tapis de
nuance verte, tendu en hauteur pour servir de fond ; sur la bordure
supérieure de ce tapis, un mot apparaît tracé en belles capitales d’or,
bien lisible, comme le nom de Loyset sur le tome IV du Charles
Martel de Bruxelles. Ce mot, c’est précisément celui que nous
devions trouver, si notre raisonnement était juste, c’est le prénom
d’« alexander », qui, comme je l’ai expliqué plus haut, étant donné
l’époque et le lieu d’exécution du volume, désigne sans aucune équi-
voque possible Alexandre Bening.

La démonstration est donc complète. C’est en toute sûreté que
nous pouvons identifier le maître du Boëce, le miniaturiste au talent
si séduisant, avec l’Alexandre Bening des gildes de Gand et de
Bruges, mort en 1518 ou 1519. Cette identification ne repose pas sur
des hypothèses plus ou moins vraisemblables, sur des rapproche-
ments plus ou moins ingénieux, mais sur la meilleure preuve à
souhaiter en pareil cas, sur une signature formelle, écrite en toutes
lettres, aussi claire que le nom de Raphaël, authentiquement placé
au bas d’une œuvre digne du maître d’Urbin; plus claire même, car
en Italie, au début du xvie siècle, plusieurs artistes portaient le
nom de l’Archange, tandis qu’à Gand, en 1492, il n’y avait parmi les
gens du métier qu’un seul Alexandre.

Dans cette signature, le mot d’Alexander est suivi d’un 2 en
chiffre arabe, avec l’abréviation qui équivaut à la syllabe us.

ALEXAND’ 29

Il faut donc lire : Alexander secundus. Les usages conservés
dans la Flandre aux époques plus récentes nous donnent l’explication
de ce chiffre. On sait que dans la plupart des dynasties d’artistes, où
la science de l’art de peindre se perpétuait de générations en géné-
rations, comme ce fut précisément le cas pour la famille Bening,
certains prénoms se transmettaient de préférence du père au fils ou
du grand-père au petit-fils. Il fallait cependant distinguer entre eux
les homonymes. On faisait alors intervenir des surnoms : le vieux, le
jeune; ou encore des numéros d'ordre. C’est ce dernier système que
nous voyons appliqué ici. La forme de l’inscription « Alexander 2US »

de Bourgogne, dans le tome IV du Bulletin des commissions royales d'art et d’ar-
chéologie, pp. 474-510.
 
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