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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 1
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Seidel, Paul: Antoine Pesne, 3: premier peintre de Frédéric le Grand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0090

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7G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et se montra un digne élève de l’Académie de Paris. Parmi ses tra-
vaux les plus importants, il convient de nommer une belle gravure
d’après un portrait de Pesne par lui-même, portrait qui se trouve
aujourd’hui en la possession de l’auteur de ces lignes. Pesne, de son
côté, a fait plusieurs fois le portrait de son ami ; au premier rang se
place le portrait du Musée de Berlin, où le grand graveur nous est
montré lisant à sa femme les Contes de la Fontaine.

Le portrait de Pesne par lui-même que nous venons de citer ne
clôt pas encore la série de ces portraits. Un descendant de Pesne,
le lieutenant-colonel Von Berke, possède dans sa collection de
Schemnitz, en Hongrie, un tableau où Pesne s’est représenté avec
ses deux filles et qui date de 1754, c’est-à-dire de la soixante et
onzième année de l’artiste; ajoutons que celui-ci s’y montre encore
dans le plein épanouissement de son talent.

Malgré un séjour presque ininterrompu de quarante-trois ans
à Berlin, Pesne apparaît encore, dans ce tableau, comme le digne
représentant de l’art français du xvme siècle. D’ailleurs, il a toujours
appartenu sans mélange à l’art de son pays. Jusqu’à son dernier
soupir il y est resté fidèle.

Le dernier grand travail de Pesne est un tableau colossal,
l'Enlèvement d'Hélène, peint sur l’ordre du roi pour la grande salle du
Nouveau Palais à Potsdam. Les trois autres peintures qui décorent
cette salle sont de Pierre (le Jugement de Paris), de Restout (Bacchus et
Ariane) et de Carie Van Loo (le Sacrifice d’Iphigénie) ; toutes trois ont
été exécutées à Paris, sur la demande de Frédéric. Dans cette grande
entreprise, Pesne perdit sa force de réalisation ; plus de vingt fois il
modifia son esquisse, son œil toujours clairvoyant d’artiste n’étant
plus satisfait de ce que créait sa tremblante main. C’est pendant
cette lutte mémorable entre le pouvoir créateur, l’intime génie, et la
faiblesse physique, que l’infatigable artiste fut surpris par la mort,
pour ainsi dire sur le champ de bataille, le 5 août 1757. Le 6 du
même mois, il fut, suivant son désir, enterré dans la nouvelle église
du Marché des Gendarmes, à côté de son ami Ivnobelsdorff, qui
l’avait précédé de quatre années dans la mort ; et la chose est
d’autant plus remarquable que Pesne était catholique et semble être
toujours resté très attaché à sa religion. Plus encore que catholique,
il se sentait artiste, et il a voulu prendre place à côté du plus grand
artiste que Berlin ait eu au xvnie siècle, si l’on excepte Schlüter.

Lorsque nous jetons un regard d’ensemble sur ces quarante-six
ans de travail à la cour de Prusse, nous y apercevons une belle vie
 
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