THOMAS LAWRENCE.
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modes singulières, les portraits de Lawrence ont été la plupart assez
médiocres, avec des attitudes d’un apprêté souvent comique, des
expressions exagérées sans motif, un luxe d’ornements, de décors et
de paysages tout à fait hors de proportion avec l'importance du
modèle. Peut-être le côté spécialement artificiel et convenu des
portraits de cette période doit-il être attribué en partie à la fâcheuse
influence exercée sur Lawrence par ses deux meilleurs amis d'alors,
le peintre Hamilton et l’acteur Kemble : deux artistes qui ont l’un et
l’autre porté à ses dernières limites l’emphase théâtrale.
Quoi qu’il en soit, ces portraits de Lawrence sont assez monotones
et assez dénués d’intérêt pour qu’il nous soit permis de ne les citer
qu’en passant. C’est ainsi qu’à l’Exposition de 1798, en outre du
Kemble en Coriolan qui fut gravé par Burgess et qui appartient
aujourd’hui à lord Yarborough, tous les envois de Lawrence ont été
considérés par ses amis eux-mêmes comme des œuvres médiocres.
Les six portraits exposés en 1799 ne valaient pas mieux; un seul
a été gravé, celui de l’ami de Lawrence, M. Samuel Lysons (gravé par
S. AV. Reynolds en 1804). En 1800, Lawrence exposa une des
œuvres les plus caractéristiques de la manière qu’il pratiquait dans
ces fâcheuses années : c’est un portrait de Mme Angerstein, une jeune
femme se promenant nu-tète, en grande toilette à la mode, dans
une ile désolée et sauvage.
Les portraits du Révérend Pennicott (gravé par S. AV. Reynolds),
de Lord Eldon (gravé par Smith en 1800 et par Finder), figuraient à
la même exposition. C’est là aussi que figurait le portrait colossal du
boxeur Jackson en Rolla (personnage d’un mélodrame, Y Étranger, alors
très en vogue). Lawrence avait peint cette énorme figure sur la
même toile qui lui avait servi naguère pour son Prospero soulevant une
tempête; il est assez fâcheux qu’il n’ait pas cru devoir, quelques
années plus tard, peindre encore un autre sujet sur la toile où il
avait peint ce Rolla, qui a été gravé par S. AV. Reynolds, et appar-
tient aujourd’hui à sir Robert Peel.
L’œuvre la plus intéressante de Lawrence à l’Exposition de 1800
était le portrait de John Philpot Curran (gravé-par J. R. Smith, par
AVagstalf, par Meyer, excellemment gravé par Mac Innés pour la
Lawrence Collection). Ce Curran (1750-1817) était un fameux orateur
irlandais. Il avait été d’abord avocat à Londres, puis s’était fait
nommer député au Parlement irlandais, poste qu’il occupa jusqu’à la
suppression de cette assemblée en 1801. C’est là qu’il a commencé à
se faii’e connaître; son éloquence était d’un genre particulier, très
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modes singulières, les portraits de Lawrence ont été la plupart assez
médiocres, avec des attitudes d’un apprêté souvent comique, des
expressions exagérées sans motif, un luxe d’ornements, de décors et
de paysages tout à fait hors de proportion avec l'importance du
modèle. Peut-être le côté spécialement artificiel et convenu des
portraits de cette période doit-il être attribué en partie à la fâcheuse
influence exercée sur Lawrence par ses deux meilleurs amis d'alors,
le peintre Hamilton et l’acteur Kemble : deux artistes qui ont l’un et
l’autre porté à ses dernières limites l’emphase théâtrale.
Quoi qu’il en soit, ces portraits de Lawrence sont assez monotones
et assez dénués d’intérêt pour qu’il nous soit permis de ne les citer
qu’en passant. C’est ainsi qu’à l’Exposition de 1798, en outre du
Kemble en Coriolan qui fut gravé par Burgess et qui appartient
aujourd’hui à lord Yarborough, tous les envois de Lawrence ont été
considérés par ses amis eux-mêmes comme des œuvres médiocres.
Les six portraits exposés en 1799 ne valaient pas mieux; un seul
a été gravé, celui de l’ami de Lawrence, M. Samuel Lysons (gravé par
S. AV. Reynolds en 1804). En 1800, Lawrence exposa une des
œuvres les plus caractéristiques de la manière qu’il pratiquait dans
ces fâcheuses années : c’est un portrait de Mme Angerstein, une jeune
femme se promenant nu-tète, en grande toilette à la mode, dans
une ile désolée et sauvage.
Les portraits du Révérend Pennicott (gravé par S. AV. Reynolds),
de Lord Eldon (gravé par Smith en 1800 et par Finder), figuraient à
la même exposition. C’est là aussi que figurait le portrait colossal du
boxeur Jackson en Rolla (personnage d’un mélodrame, Y Étranger, alors
très en vogue). Lawrence avait peint cette énorme figure sur la
même toile qui lui avait servi naguère pour son Prospero soulevant une
tempête; il est assez fâcheux qu’il n’ait pas cru devoir, quelques
années plus tard, peindre encore un autre sujet sur la toile où il
avait peint ce Rolla, qui a été gravé par S. AV. Reynolds, et appar-
tient aujourd’hui à sir Robert Peel.
L’œuvre la plus intéressante de Lawrence à l’Exposition de 1800
était le portrait de John Philpot Curran (gravé-par J. R. Smith, par
AVagstalf, par Meyer, excellemment gravé par Mac Innés pour la
Lawrence Collection). Ce Curran (1750-1817) était un fameux orateur
irlandais. Il avait été d’abord avocat à Londres, puis s’était fait
nommer député au Parlement irlandais, poste qu’il occupa jusqu’à la
suppression de cette assemblée en 1801. C’est là qu’il a commencé à
se faii’e connaître; son éloquence était d’un genre particulier, très