GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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tral, ainsi que sur les pavillons de la cour et dans toutes les parties
du monument qui se prêtaient à l’ornementation. Les frises, les car-
touches, les trophées et les dessus de porte, que l’on y retrouve à
chaque pas, sont dessinés avec la largeur que l’on remarque dans les
premières gravures de Delafosse et dans celles de Cauvet et exécutées
avec une merveilleuse entente de la décoration.
Les appartements intérieurs du pavillon central ont eu l’heureuse
fortune de rester tels qu’ils avaient été disposés par Gabriel. On
entre tout d’abord par une grille en fer forgé, dans un vestibule orné
de colonnes doriques. A gauche est la chapelle dont la voûte, en ber-
ceau, s’appuie sur des colonnes corinthiennes. Onze tableaux placés
dans les entre-colonnements et sur le maître-autel représentaient la
vie de saint Louis ; ils ont été transportés dans la chapelle de l’Ecole
de Saint-Cyr. Au-dessus de l’autel, se trouve un bas-relief colos-
sal dans lequel on voit des Anges en adoration devant la croix, par
Pajou. Un second bas-relief en bois doré, au-dessus de la tribune,
représente Y Adoration de l'Agneau; de chaque côté de l’autel, sont
d’autres bas-reliefs d’archanges avec des trophées religieux et des
portes, en bois doré à têtes de séraphins, à droite du vestibule on
entre dans les grands appartements desservis par un escalier à
rampe en fer forgé d’un superbe travail. Les quatre niches de cet
escalier contenaient les statues des maréchaux de Luxembourg et de
Saxe, de Turenne et de Condé qui ont été brisées en 1793. L’apparte-
ment de réception comprend une salle d’attente lambrissée avec une
niche ornée d’attributs de guerre sculptés et dorés qui contient un
poêle moderne, dont la pauvreté forme disparate avec les splendeurs
qui l’environnent. On passe ensuite dans la salle des Maréchaux qui
est sans contredit une des oeuvres décoratives les plus importantes
de la seconde partie du règne de Louis XY. Les salons de Versailles
peuvent seuls rivaliser avec la magnificence de cette pièce qui est
d’une conservation exceptionnelle. Il faut ajouter qu’elle appartient
à une époque de transition qui n’est pas représentée dans nos palais.
Les petits appartements de Louis XY sont franchement dessinés
dans le style rocaille que Boucher et Meissonier affectionnaient,
tandis que ceux que le roi avait fait établir pour la dauphine Marie-
Antoinette, future reine de France, annoncent déjà les délicatesses
un peu maniérées de l’école néo-grecque. L’art de Gabriel est em-
preint d’une originalité pleine de vigueur à laquelle les attributs mi-
litaires, les guirlandes et les masques de lion fournissaient des mo-
tifs variés avec une largeur incomparable. Jamais il n’a donné plus
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tral, ainsi que sur les pavillons de la cour et dans toutes les parties
du monument qui se prêtaient à l’ornementation. Les frises, les car-
touches, les trophées et les dessus de porte, que l’on y retrouve à
chaque pas, sont dessinés avec la largeur que l’on remarque dans les
premières gravures de Delafosse et dans celles de Cauvet et exécutées
avec une merveilleuse entente de la décoration.
Les appartements intérieurs du pavillon central ont eu l’heureuse
fortune de rester tels qu’ils avaient été disposés par Gabriel. On
entre tout d’abord par une grille en fer forgé, dans un vestibule orné
de colonnes doriques. A gauche est la chapelle dont la voûte, en ber-
ceau, s’appuie sur des colonnes corinthiennes. Onze tableaux placés
dans les entre-colonnements et sur le maître-autel représentaient la
vie de saint Louis ; ils ont été transportés dans la chapelle de l’Ecole
de Saint-Cyr. Au-dessus de l’autel, se trouve un bas-relief colos-
sal dans lequel on voit des Anges en adoration devant la croix, par
Pajou. Un second bas-relief en bois doré, au-dessus de la tribune,
représente Y Adoration de l'Agneau; de chaque côté de l’autel, sont
d’autres bas-reliefs d’archanges avec des trophées religieux et des
portes, en bois doré à têtes de séraphins, à droite du vestibule on
entre dans les grands appartements desservis par un escalier à
rampe en fer forgé d’un superbe travail. Les quatre niches de cet
escalier contenaient les statues des maréchaux de Luxembourg et de
Saxe, de Turenne et de Condé qui ont été brisées en 1793. L’apparte-
ment de réception comprend une salle d’attente lambrissée avec une
niche ornée d’attributs de guerre sculptés et dorés qui contient un
poêle moderne, dont la pauvreté forme disparate avec les splendeurs
qui l’environnent. On passe ensuite dans la salle des Maréchaux qui
est sans contredit une des oeuvres décoratives les plus importantes
de la seconde partie du règne de Louis XY. Les salons de Versailles
peuvent seuls rivaliser avec la magnificence de cette pièce qui est
d’une conservation exceptionnelle. Il faut ajouter qu’elle appartient
à une époque de transition qui n’est pas représentée dans nos palais.
Les petits appartements de Louis XY sont franchement dessinés
dans le style rocaille que Boucher et Meissonier affectionnaient,
tandis que ceux que le roi avait fait établir pour la dauphine Marie-
Antoinette, future reine de France, annoncent déjà les délicatesses
un peu maniérées de l’école néo-grecque. L’art de Gabriel est em-
preint d’une originalité pleine de vigueur à laquelle les attributs mi-
litaires, les guirlandes et les masques de lion fournissaient des mo-
tifs variés avec une largeur incomparable. Jamais il n’a donné plus