L’ART DÉCORATIF DANS LE VIEUX PARIS.
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L’église Saint-Paul-Saint-Louis est le premier exemple que l’on
ait vu en France du style créé par les Jésuites que l’Italie nous
envoyait et qui prit un si grand développement pendant les deux
derniers siècles, au détriment de nos monuments religieux. La
direction des travaux de la maison professe que les Jésuites avaient
établie dans la rue Saint-Antoine, sur l’emplacement de l’hôtel qui
leur avait été donné par le cardinal de Bourbon, fut confiée au père
Derand. Les largesses de Louis XIII et la toute-puissance du cardinal
de Richelieu, protecteur de l’ordre, favorisèrent l’achèvement rapide
de cet édifice dont le succès architectural fut immense. On est bien
revenu aujourd’hui de cet enthousiasme et on ne comprend plus cette
superposition de trois ordres similaires qui semblent un placage
étranger au monument qu’ils veulent décorer. Mais les détails
rachètent par leur vigueur ce que l’ensemble laisse à désirer sous le
rapport du goût.
Toute la sculpture des chapiteaux, des corniches et des cartouches
de cette façade, abonde en motifs largement traités, bien qu’ils se
ressentent de la lourdeur du style de la première moitié du
xvne siècle: nous ne voudrions pas non plus oublier de citer la menui-
serie des portes d’entrée1. La décoration intérieure offre la même
richesse d’ornementation, mais l’église a été dépouillée de tout ce
qui ne formait pas corps avec le monument lui-même, à l’exception
du grand buffet d’orgues surmonté de trois anges chantant et appuyé
sur des consoles à mascarons, et d’une rangée de stalles du même
style. Elle a perdu à l’époque de la Révolution le précieux mobilier
et les tombeaux qui y étaient conservés. Des quatre tableaux qui
décoraient primitivement les cartouches rectangulaires du transsept,
un seul représentant Louis XIII offrant à Dieu le modèle de l’église, est
resté en place ; les autres ont été renouvelés après la réouverture du
culte. Ces tableaux du transsept étaient attribués par les anciennes
descriptions de Paris, à Simon Youet, mais Lenoir, qui les avait
recueillis dans son dépôt, établit formellement qu’ils étaient l’œuvre
de Ninet de Lestain, élève de Youet. Les œuvres de Ninet de Lestain
sont très rares à Paris, et il est intéressant de retrouver un des prin-
cipaux ouvrages, si fatigué qu’il soit par des restaurations succes-
sives. L’église Saint-Louis a hérité de deux statues de marbre que
Germain Pilon avait exécutées pour la chapelle funéraire des
Valois à Saint-Denis, et que Lenoir avait fait sortir de la salle des
L C. Daly, Motifs extérieurs, style Louis XIII.
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L’église Saint-Paul-Saint-Louis est le premier exemple que l’on
ait vu en France du style créé par les Jésuites que l’Italie nous
envoyait et qui prit un si grand développement pendant les deux
derniers siècles, au détriment de nos monuments religieux. La
direction des travaux de la maison professe que les Jésuites avaient
établie dans la rue Saint-Antoine, sur l’emplacement de l’hôtel qui
leur avait été donné par le cardinal de Bourbon, fut confiée au père
Derand. Les largesses de Louis XIII et la toute-puissance du cardinal
de Richelieu, protecteur de l’ordre, favorisèrent l’achèvement rapide
de cet édifice dont le succès architectural fut immense. On est bien
revenu aujourd’hui de cet enthousiasme et on ne comprend plus cette
superposition de trois ordres similaires qui semblent un placage
étranger au monument qu’ils veulent décorer. Mais les détails
rachètent par leur vigueur ce que l’ensemble laisse à désirer sous le
rapport du goût.
Toute la sculpture des chapiteaux, des corniches et des cartouches
de cette façade, abonde en motifs largement traités, bien qu’ils se
ressentent de la lourdeur du style de la première moitié du
xvne siècle: nous ne voudrions pas non plus oublier de citer la menui-
serie des portes d’entrée1. La décoration intérieure offre la même
richesse d’ornementation, mais l’église a été dépouillée de tout ce
qui ne formait pas corps avec le monument lui-même, à l’exception
du grand buffet d’orgues surmonté de trois anges chantant et appuyé
sur des consoles à mascarons, et d’une rangée de stalles du même
style. Elle a perdu à l’époque de la Révolution le précieux mobilier
et les tombeaux qui y étaient conservés. Des quatre tableaux qui
décoraient primitivement les cartouches rectangulaires du transsept,
un seul représentant Louis XIII offrant à Dieu le modèle de l’église, est
resté en place ; les autres ont été renouvelés après la réouverture du
culte. Ces tableaux du transsept étaient attribués par les anciennes
descriptions de Paris, à Simon Youet, mais Lenoir, qui les avait
recueillis dans son dépôt, établit formellement qu’ils étaient l’œuvre
de Ninet de Lestain, élève de Youet. Les œuvres de Ninet de Lestain
sont très rares à Paris, et il est intéressant de retrouver un des prin-
cipaux ouvrages, si fatigué qu’il soit par des restaurations succes-
sives. L’église Saint-Louis a hérité de deux statues de marbre que
Germain Pilon avait exécutées pour la chapelle funéraire des
Valois à Saint-Denis, et que Lenoir avait fait sortir de la salle des
L C. Daly, Motifs extérieurs, style Louis XIII.