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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: Le meuble en tapisserie de Napoléon Ier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0184

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la Commission à la vérité avait arrêté qu’ils seraient exécutés par M. Debret,
peintre, mais S. E. M. l'intendant général, n’en ayant pas été informé par moi,
vous aura autorisé à les confier à d’autres, peu importe, pourvû qu’ils soient bien
faits, et que le caractère antique y soit bien conservé.

Quant au prix par apperçû auquel vous êtes invité de répondre, je m’abstien-
drai d’avoir une opinion, ce point vous regarde exclusivement. Mais quant à ce que
vous me faites l'honneur de me demander : Si l’intention de la Commission est que
la totalité dudit meuble soit dans l'exécution en tapisserie rehaussé d’or, je vous
répondrai par l’affirmative, et vous conceverés facilement que l’ameublement
devant faire suite, tous les meubles qui le composent doivent être uniformément
rehaussés d’or avec la seule différence que les fauteuils de Leurs Majestés seront
plus riches de dessin, de forme et de dorure.

Au surplus, je me présenterai mercredi prochain à l’hôtel des Gobelins vers
une heure au plus tard, et là je conviendrai avec vous des moyens d’exécution et
d’économie, en conciliant le tout avec la dignité inséparable d’un ameublement
destiné à entrer dans les appartements d’un grand empereur.

J’ai l’honneur d’être avec la plus parfaite considération,

Monsieur,

Votre très humble serviteur,
David,

Premier peintre de S. M. l’empereur et roi.

Les modèles sont faits sans délai et mis sur métiers aussitôt, car
Napoléon n’aimait pas attendre; malgré toute l’activité déployée à la
Manufacture, les tapisseries ne furent achevées qu’en 1813; les sièges
avec les plates-bandes et les manchettes, les feuilles de paravent et
d’écrans mesuraient ensemble 62 1/2 mètres carrés et furent estimés
à 59,100francs; conformément à l’usage, l’argent fut versé à la Manu-
facture et aussitôt reversé par elle au trésor de la Couronne. Lagrenée
et Dubois touchèrent 3,720 francs pour leur travail.

Je n’ai pas à décrire le meuble puisque la Gazette en reproduit
les parties essentielles : l’époque de la fabrication, les noms de David
et de Fontaine suffisent pour le caractériser. Il me parait cependant
que le dessin est plus souple que celui des modèles exécutés dans le
style romain à la fin du xvme siècle; on peut ne pas aimer ce genre
compassé et rigide, mais on ne saurait lui refuser la tenue et même
la dignité; il répondait du reste au sentiment décoratif du pays
puisque les objets les plus usuels en portèrent l’empreinte. Je crois
qu’on le juge trop souvent sur ses dérivés affaiblis et que, sans le
préférer aux nobles exemples du règne de Louis XVI, on doit lui
accorder une sérieuse considération, car c’était un style, et depuis
trop longtemps nos arts décoratifs n’en ont plus.

GERSPACH.
 
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