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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 3
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Gruyer, Gustave: La sculpture à Ferrare, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0210

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182

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

infortuné qui fut mis en pièces. Mais il entreprit aussitôt la construc-
tion du fameux Castello, et quand il s’y trouva en sûreté, il fit payer
cher aux rebelles leur audacieuse conduite. Parmi les victimes de sa
vengeance figurèrent les sculpteurs Giovanni et Camino.

Un de leurs contemporains, dont le nom ne nous est pas parvenu,
est l’auteur de la curieuse Statue d’Albert d’Este (frère et successeur de
Nicolas II), qui fut placée en 1393 sur la façade de la cathédrale, à
droite, en souvenir du fructueux pèlerinage accompli par le marquis,
en 1391, à l’occasion du jubilé publié par le pape Boniface IX. Il
partit de Ferrare avec une suite de trois cent vingt personnages à
cheval, tous vêtus comme lui en pénitents, et avec une escorte de
soldats qui portaient des lances et des étendards de couleur noire.
Le cortège se dirigea d’abord vers Rimini. Aux portes de Rome, il
fut reçu par les principaux dignitaires de la cour pontificale. Non
content d’admettre Albert à sa table, de lui offrir la rose d’or, de
légitimer son fils Nicolas et de diminuer le cens annuel dû au saint
siège, Boniface IX lui octroya une importante bulle relative aux
biens emphytéotiques, et autorisa la fondation à Ferrare d’une
université ayant les mêmes droits et les mêmes privilèges que les
universités de Bologne et de Paris. En regagnant sa capitale, le
marquis traversa Florence qui lui donna quatre chevaux de prix
et des vases d’argent. A Bologne, il reçut deux autres chevaux et
trois morceaux de drap d’or. Son peuple lui-même l’accueillit par
des fêtes qui durèrent trois jours. Quand on songe aux avantages
que les Ferrarais tirèrent du voyage de leur souverain, on ne
s’étonne pas qu’ils aient songé à en perpétuer le souvenir et à
honorer d’une statue l’illustre pèlerin. Le marquis est représenté
debout, vêtu d’une longue robe serrée à la taille par une ceinture,
et la tête enveloppée d’une coiffure qui passé sous le menton. Au point
de vue de l’art, cette figure raide et gauche n’a qu’une médiocre
importance : c’est surtout un document historique.

A Ferrare comme dans le reste de l’Italie, mais avec beaucoup
moins d’éclat, le xve siècle fut pour la sculpture, sinon au début,
du moins à partir de sa seconde moitié, une époque d’éclosion rapide
et d’épanouissement.

En 1408, Giacomo da Siena (Jacopo délia Quercia) sculpta une
Vierge qui orne aujourd’hui la sacristie de la cathédrale. La Vierge
porte sur ses cheveux ondulés une couronne et un voile qui retombe
sur ses épaules. Son visage un peu trop massif n’est pas sans noblesse
 
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