LA SCULPTURE A FERRARE.
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et les plis de sa robe ont de la simplicité. Elle tient dans sa main
droite une grenade entr’ouverte et elle soutient de sa main gauche,
sur un de ses genoux, l’enfant Jésus debout. Celui-ci, -vêtu d’une
longue robe, est vulgaire et ressemble à un massif poupard.
Jacopo délia Quercia fît en outre le tombeau d’un médecin appar-
tenant à la famille Yarj ; ce tombeau, que possédait l’église Saint-
Nicolas, disparut lorsqu'elle fut détruite au siècle dernier.
En 1427, Cristoforo cia Firenze sculpta pour la cathédrale une Vierge
en marbre, tenant dans ses bras l’enfant Jésus. Cette statue, dont
on peut voir l’aspect dans notre dessin, occupe une des trois arcades,
ornées de trèfles, qui reposent sur le porche et au-dessus desquelles
se trouve le Jugement dernier. Les proportions manquent de justesse;
la tète de la madone est trop grosse pour le corps; l’ensemble
est lourd et sans élégance; les draperies sont trop compliquées.
Quelle différence entre cette figure et la gracieuse Vierge age-
nouillée plus haut à côté du Christ jugeant le monde! Néanmoins,
l’œuvre de Cristoforo produit de loin un assez bel effet et décore
bien le centre de la façade. — Cristoforo fut aussi l’auteur d’une
Vierge en terre cuite, modelée en 1451 et placée, au dire de L.-N.
Cittadella, à l’intérieur de la cathédrale, dans le passage situé entre
la sacristie et l’église.
Sous le règne de Lionel (1441-1450), les sculpteurs qui travail-
lèrent à Ferrare furent presque tous des Florentins. Cela s’explique
aisément. Plusieurs familles de Florence, entre autres les Strozzi,
s’étaient réfugiées auprès des princes d’Este. Le renom des sculpteurs
florentins s’était d’ailleurs répandu dans toute l’Italie. En outre, les
marquis de Ferrare avaient pu juger par leurs propres yeux de cet
art si élégant et si plein de goût, car ils possédaient un palais à
Florence. Méliaduse, frère de Lionel, séjourna quelque temps dans
cette ville en qualité de protonotaire apostolique.
Une autre remarque à faire avec M. Venturi,c’est que les matières
employées de préférence par les sculpteurs à Ferrare furent la cire,
la terre cuite, le bois et le bronze. Les monuments en marbre furent
assez rares, parce que le territoire de Ferrare ne fournissait pas de
marbre et qu’il fallait l’aller chercher dans les montagnes de Vérone
ou dans les carrières de l’Istrie.
Parmi les Florentins attirés à Ferrare, du temps de Lionel, on
rencontre en 1441 un certain Micliele, « ottimo fabbricante di figure ».
Il orna d’un bas-relief en terre cuite l’église de Sainte-Marie des
Anges, construite sous Nicolas III auprès du palais de Belfiore
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et les plis de sa robe ont de la simplicité. Elle tient dans sa main
droite une grenade entr’ouverte et elle soutient de sa main gauche,
sur un de ses genoux, l’enfant Jésus debout. Celui-ci, -vêtu d’une
longue robe, est vulgaire et ressemble à un massif poupard.
Jacopo délia Quercia fît en outre le tombeau d’un médecin appar-
tenant à la famille Yarj ; ce tombeau, que possédait l’église Saint-
Nicolas, disparut lorsqu'elle fut détruite au siècle dernier.
En 1427, Cristoforo cia Firenze sculpta pour la cathédrale une Vierge
en marbre, tenant dans ses bras l’enfant Jésus. Cette statue, dont
on peut voir l’aspect dans notre dessin, occupe une des trois arcades,
ornées de trèfles, qui reposent sur le porche et au-dessus desquelles
se trouve le Jugement dernier. Les proportions manquent de justesse;
la tète de la madone est trop grosse pour le corps; l’ensemble
est lourd et sans élégance; les draperies sont trop compliquées.
Quelle différence entre cette figure et la gracieuse Vierge age-
nouillée plus haut à côté du Christ jugeant le monde! Néanmoins,
l’œuvre de Cristoforo produit de loin un assez bel effet et décore
bien le centre de la façade. — Cristoforo fut aussi l’auteur d’une
Vierge en terre cuite, modelée en 1451 et placée, au dire de L.-N.
Cittadella, à l’intérieur de la cathédrale, dans le passage situé entre
la sacristie et l’église.
Sous le règne de Lionel (1441-1450), les sculpteurs qui travail-
lèrent à Ferrare furent presque tous des Florentins. Cela s’explique
aisément. Plusieurs familles de Florence, entre autres les Strozzi,
s’étaient réfugiées auprès des princes d’Este. Le renom des sculpteurs
florentins s’était d’ailleurs répandu dans toute l’Italie. En outre, les
marquis de Ferrare avaient pu juger par leurs propres yeux de cet
art si élégant et si plein de goût, car ils possédaient un palais à
Florence. Méliaduse, frère de Lionel, séjourna quelque temps dans
cette ville en qualité de protonotaire apostolique.
Une autre remarque à faire avec M. Venturi,c’est que les matières
employées de préférence par les sculpteurs à Ferrare furent la cire,
la terre cuite, le bois et le bronze. Les monuments en marbre furent
assez rares, parce que le territoire de Ferrare ne fournissait pas de
marbre et qu’il fallait l’aller chercher dans les montagnes de Vérone
ou dans les carrières de l’Istrie.
Parmi les Florentins attirés à Ferrare, du temps de Lionel, on
rencontre en 1441 un certain Micliele, « ottimo fabbricante di figure ».
Il orna d’un bas-relief en terre cuite l’église de Sainte-Marie des
Anges, construite sous Nicolas III auprès du palais de Belfiore