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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’une ou de plusieurs figures, il est permis de penser qu’elles appar-
tiennent toutes à la même main
Un sculpteur très supérieur à ceux qui viennent d’être men-
tionnés fut Ambrogio cia Milano, déjà nommé par nous, l’auteur du
magnifique Tombeau de Lorenzo Uoverella dans l’église suburbaine de
Saint-Georges 1 2.
Avant d’examiner ce tombeau, il nous semble utile de faire con-
naître en quelques mots le personnage dont il renferme les restes.
Sa famille était originaire de Rovigo. Après avoir été trésorier du
marquis Lionel dans la Polésine, Giovanni, son père, créé comte par
l’empereur Frédéric III en 1444, vint se fixer à Ferrare où il jouis-
sait des droits de citoyen dès 1449. Giovanni eut beaucoup d’enfants
parmi lesquels se distinguèrent surtout, outre Lorenzo, Bartolommeo
qui devint cardinal et dont les restes reposent à Rome dans un des
plus intéressants tombeaux de l’église Saint-Clément3, Niccolo
général des Olivétains, Pietro comte palatin, Florio chevalier de
Saint-Jean de Jérusalem. Quant à Lorenzo, il fut en 1440 et en 1443
lauréat à l’Université de Padoue, en attendant qu’il y parût comme
professeur. Il fit aussi à l’Université de Ferrare des cours très suivis,
et il écrivit des commentaires sur Platon et sur Aristote. En 1445,
Eugène IY lui confia une mission à Paris où il avait étudié la théo-
logie. De 1455 à 1457 il fut nonce de Calixte III auprès de Ladislas VI„
roi de Pologne, ainsi qu’auprès de l’empereur et de Mathias, roi de
Hongrie, employant son éloquence à préparer une ligue contre les
Turcs, à pacifier l’Allemagne et à combattre les Hussites. Il
s’acquitta ensuite avec honneur d’une légation en Espagne. Tout en
étant chanoine de Ferrare, il fut dataire de Pie II qui, dit-on, utili-
sait ses connaissances en médecine, et qui, le 9 avril 1460, le nomma
évêque de Ferrare. Occupé à la cour pontificale par de graves
affaires, il ne revint qu’en 1462 à Ferrare, où il entra solennelle-
ment, accompagné du clergé et des professeurs de l’Université, mais
où il séjourna peu. En 1473, lorsque Eléonore d’Aragon passa par
Rome en se rendant à Ferrare pour y épouser le duc Hercule Ier, il se
joignit au cortège avec son frère le cardinal, et ce fut lui qui célébra
la messe nuptiale. Sixte IVlui destinait le gouvernement de Pérouse,
quand la mort le surprit à Monte-Oliveto (1474). Ses frères firent
1. Cristoforo Stoporone eut un fils nommé Bernardino qui fut aussi sculpteur.
2. Voir la gravure à la page 201.
3. Bartolommeo naquit en 1406 et mourut le 2 mai 1476. Son portrait nous a
été conservé par deux médailles anonymes.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’une ou de plusieurs figures, il est permis de penser qu’elles appar-
tiennent toutes à la même main
Un sculpteur très supérieur à ceux qui viennent d’être men-
tionnés fut Ambrogio cia Milano, déjà nommé par nous, l’auteur du
magnifique Tombeau de Lorenzo Uoverella dans l’église suburbaine de
Saint-Georges 1 2.
Avant d’examiner ce tombeau, il nous semble utile de faire con-
naître en quelques mots le personnage dont il renferme les restes.
Sa famille était originaire de Rovigo. Après avoir été trésorier du
marquis Lionel dans la Polésine, Giovanni, son père, créé comte par
l’empereur Frédéric III en 1444, vint se fixer à Ferrare où il jouis-
sait des droits de citoyen dès 1449. Giovanni eut beaucoup d’enfants
parmi lesquels se distinguèrent surtout, outre Lorenzo, Bartolommeo
qui devint cardinal et dont les restes reposent à Rome dans un des
plus intéressants tombeaux de l’église Saint-Clément3, Niccolo
général des Olivétains, Pietro comte palatin, Florio chevalier de
Saint-Jean de Jérusalem. Quant à Lorenzo, il fut en 1440 et en 1443
lauréat à l’Université de Padoue, en attendant qu’il y parût comme
professeur. Il fit aussi à l’Université de Ferrare des cours très suivis,
et il écrivit des commentaires sur Platon et sur Aristote. En 1445,
Eugène IY lui confia une mission à Paris où il avait étudié la théo-
logie. De 1455 à 1457 il fut nonce de Calixte III auprès de Ladislas VI„
roi de Pologne, ainsi qu’auprès de l’empereur et de Mathias, roi de
Hongrie, employant son éloquence à préparer une ligue contre les
Turcs, à pacifier l’Allemagne et à combattre les Hussites. Il
s’acquitta ensuite avec honneur d’une légation en Espagne. Tout en
étant chanoine de Ferrare, il fut dataire de Pie II qui, dit-on, utili-
sait ses connaissances en médecine, et qui, le 9 avril 1460, le nomma
évêque de Ferrare. Occupé à la cour pontificale par de graves
affaires, il ne revint qu’en 1462 à Ferrare, où il entra solennelle-
ment, accompagné du clergé et des professeurs de l’Université, mais
où il séjourna peu. En 1473, lorsque Eléonore d’Aragon passa par
Rome en se rendant à Ferrare pour y épouser le duc Hercule Ier, il se
joignit au cortège avec son frère le cardinal, et ce fut lui qui célébra
la messe nuptiale. Sixte IVlui destinait le gouvernement de Pérouse,
quand la mort le surprit à Monte-Oliveto (1474). Ses frères firent
1. Cristoforo Stoporone eut un fils nommé Bernardino qui fut aussi sculpteur.
2. Voir la gravure à la page 201.
3. Bartolommeo naquit en 1406 et mourut le 2 mai 1476. Son portrait nous a
été conservé par deux médailles anonymes.