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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Andrea Verrocchio et le tombeau de Francesca Tornabuoni
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0314

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278

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

seur du palais de ce nom, et Francesca (qu’il avait épousée en 1466)
mourut en couches, circonstance qui s’applique de tout point aux
sculptures décrites par Vasari ’.

La lettre que Giovanni Tornabuoni adressa à son neveu Laurent
le Magnifique pour lui annoncer le malheur qui venait de le frapper,
est véritablement poignante et tranche, par l’expression d’une douleur
sincère, sur le ton cérémonieux de la plupart des épîtres contem-
poraines. « Notre très cher Laurent », lui écrivit-il le lendemain de
la mort de Francesca, « je suis tellement brisé par l’émotion et la
douleur à cause de la cruelle et inattendue fin de ma très douce
épouse, que je ne sais véritablement plus où je suis. Comme tu l’auras
appris, hier, ainsi qu’il plût à Dieu, à vingt-deux heures, elle mourut
en couches, et quand elle eût expiré, nous retirâmes de son sein
l’enfant qui était également mort, ce qui me causa une double
douleur. Je suis certain, sachant combien tu es compatissant, que tu
m’excuseras de ne pas t’écrire plus longuement... »

Dans un travail récent, M. Bode a signalé la ressemblance entre
les deux médailles de Jean Tornabuoni, exécutées entre 1482 et 1492
par le médailleur à l’Espérance, et le personnage représenté sur le
bas-relief du tombeau, apportant ainsi un nouvel argument à l’iden-
tification proposée par M. de Reumont 3. Nous avons affaire, dans les
deux cas, à un personnage corpulent, aux traits épais, empreints
d’une certaine vulgarité 3. J’ajouterai — car il est de mon devoir
d’historien de ne cacher aucune difficulté — que ni l’une ni l’autre
de ces deux effigies ne ressemble au portrait de Giovanni Tornabuoni,
tel que Ghirlandajo l’a peint dans le chœur de l’église Sainte-Marie-
Nouvelle de Florence, décorée aux frais de ce Mécène : dans la
fresque le visage est maigre et sec plutôt que plantureux, avec des
traits fins plutôt qu’accentués. Quant à la femme agenouillée auprès
de lui, elle paraît vieille et n’offre aucune analogie avec la jeune
femme représentée dans le bas-relief du Musée national de Florence.
Tornabuoni se serait-il remarié 4? Ghirlandajo aurait-il représenté
sa femme de souvenir? Je renonce à éclaircir le mystère.

t. Giornaledi. Erudizione artistica, -1873, p. 167-168. — Cf. Vasari, éd. Milanesi,
t. III, p. 3S9-360.

2. ltalienische Bildhauer der Renaissance, p. 89-91. Berlin, 1887.

3. Nous devons à l’obligeance de MM. Hachette de pouvoir placer sous les yeux
de nos lecteurs, en tête de notre étude, la reproduction d'une de ces médailles,
d’après Y Histoire de l'Art pendant la Renaissance.

4. Litta, dans ses Famiglie nobili d’Italia, et l’auteur du Sommario istorico delle
 
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