LE TOMBEAU DE FllANCESCA TORNABUONI.
287
La Charité est représentée assise, une lampe dans une main, une
corne d’abondance dans l’autre; sur sa poitrine se trouve, en guise
de broche, un chérubin.
La Justice tient le glaive dans une main, la balance (qui manque)
dans l’autre. Cette figure a quelque chose de solide, de posé.
Le travail des quatre hauts-reliefs ou statuettes, comme l’on voudra
les appeler, est franc et large. Dans les proportions et les attitudes,
on remarque les particularités du style de Verrocchio, je veux dire
quelque chose d’embarrassé et de trapu, un manque de décision et
de netteté. Les draperies retombent généralement en paquets épais
(disposition que l’on rencontre déjà chez Donatello et qui reparaît
chez Michel-Ange), au lieu de dessiner des plis élégants, réguliers
et presque symétriques, comme chez Mino deFiesole. Ces draperies,
abondantes et fouillées, se font, d’autre part, remarquer par leur
souplesse.
D’après Yasari, l’essor du vaillant orfèvre sculpteur florentin
aurait été provoqué par la vue des chefs-d’œuvre antiques réunis à
Rome : je suis au contraire tenté d’attribuer cette évolution à l’in-
fluence d’un disciple, devenu rapidement le maître de son maître : le
lecteur a nommé Léonard de Vinci. Celui-ci, entré dans l’atelier de
Verrocchio avant 1472, — époque à laquelle il se faisait recevoir
membre de la corporation des peintres de Florence, ce qui indique
que son apprentissage avait pris fin, — exerça une action progressive
sur le développement de son maître, génie lent et indécis s’il en fut :
de là, ces germes de beauté qui, clairsemés à l’origine, -—• on les
trouve, si je ne m’abuse, pour la première fois dans les statuettes de la
collection Ed. André, — parvinrent plus tard à leur maturité dans le
groupe du Christ et de Saint Thomas et dans le bas-relief du Monument
de Forteguerrci, pour aboutir finalement à la mâle fierté, à la grande
allure du Colleone. Outre leur mérite intrinsèque, les statuettes
découvertes par Mm8 Edouard André ont donc l’avantage de nous
offrir une précieuse information chronologique sur Verrocchio : elles
sont ses plus anciennes sculptures en marbre à date certaine et
comme le point de départ d’une évolution féconde à bien des titres.
EUGÈNE MUNTZ.
287
La Charité est représentée assise, une lampe dans une main, une
corne d’abondance dans l’autre; sur sa poitrine se trouve, en guise
de broche, un chérubin.
La Justice tient le glaive dans une main, la balance (qui manque)
dans l’autre. Cette figure a quelque chose de solide, de posé.
Le travail des quatre hauts-reliefs ou statuettes, comme l’on voudra
les appeler, est franc et large. Dans les proportions et les attitudes,
on remarque les particularités du style de Verrocchio, je veux dire
quelque chose d’embarrassé et de trapu, un manque de décision et
de netteté. Les draperies retombent généralement en paquets épais
(disposition que l’on rencontre déjà chez Donatello et qui reparaît
chez Michel-Ange), au lieu de dessiner des plis élégants, réguliers
et presque symétriques, comme chez Mino deFiesole. Ces draperies,
abondantes et fouillées, se font, d’autre part, remarquer par leur
souplesse.
D’après Yasari, l’essor du vaillant orfèvre sculpteur florentin
aurait été provoqué par la vue des chefs-d’œuvre antiques réunis à
Rome : je suis au contraire tenté d’attribuer cette évolution à l’in-
fluence d’un disciple, devenu rapidement le maître de son maître : le
lecteur a nommé Léonard de Vinci. Celui-ci, entré dans l’atelier de
Verrocchio avant 1472, — époque à laquelle il se faisait recevoir
membre de la corporation des peintres de Florence, ce qui indique
que son apprentissage avait pris fin, — exerça une action progressive
sur le développement de son maître, génie lent et indécis s’il en fut :
de là, ces germes de beauté qui, clairsemés à l’origine, -—• on les
trouve, si je ne m’abuse, pour la première fois dans les statuettes de la
collection Ed. André, — parvinrent plus tard à leur maturité dans le
groupe du Christ et de Saint Thomas et dans le bas-relief du Monument
de Forteguerrci, pour aboutir finalement à la mâle fierté, à la grande
allure du Colleone. Outre leur mérite intrinsèque, les statuettes
découvertes par Mm8 Edouard André ont donc l’avantage de nous
offrir une précieuse information chronologique sur Verrocchio : elles
sont ses plus anciennes sculptures en marbre à date certaine et
comme le point de départ d’une évolution féconde à bien des titres.
EUGÈNE MUNTZ.