LE MASQUE DE HENRI IV.
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que l’on appelait effigie. Ensuite dans une salle de parade, sur un lit
incliné légèrement, le corps fait en osier était étendu, supportant la
tête en cire, tandis que les deux mains, également en cire, étaient
jointes [sur la poitrine. Yoici, d’après les relations officielles des
obsèques de Henri IY, comment son effigie fut vêtue dans la chapelle
ardente : « Premièrement, d’une chemise de toile de Hollande; par
dessus, d’une camisole de satin cramoisy rouge, doublée de taffetas de
même couleur, bordée d'un petit passement d’or; d’icelle on ne voyait
les manches que jusques aux coudes et le bas environ quatre doigts
sur les jambes, pour ce que la tunique couvrait le reste. Par-dessus
estait la tunique de satin azurin, semée de fleurs de lys d’or avec un
passement d’or et d’argent de la largeur de 4 doigts, les manches
jusques aux coudes. Dessus la tunique était le manteau royal de
velours violet cramoisy semé de fleurs de lys d’or, de longueur de
cinq à six aunes, compris la queue. Ledit manteau était ouvert par
devant, doublé d’hermine, le collet rond d’hermine, renversé d’envi-
ron 1 pied. Au col de ladite effigie, était Torde du Saint-Esprit et
sur la tête un petit bonnet de velours cramoisy brun, et dessus, la
couronne royale, garnie de pierres précieuses. Les jambes étaient
chaussées de bottines de velours rouge semées de fleurs de lys d’or,
semelées de satin de même couleur '. »
L’exposition de l’effigie dans la salle de parade durait onze jours,
pendant lesquels les grands officiers de la Couronne faisaient le
service de la chambre et de la table, pour l’effigie royale, comme si le
roi eût été vivant et remplissaient toutes les formalités de l’étiquette
ordinaire. Ainsi deux fois par jour, on dressait une table sur laquelle
on servait les viandes et les boissons qu’y apportaient les maîtres
d’hôtel, échansons, panetiers et valets tranchants. Les aumôniers
récitaient les Bénédicités et les Grâces auxquels ils ajoutaient seule-
ment un Libéra et un De Profundis. Après chaque repas, les mets
étaient remis aux pauvres.
Cette dernière période des cérémonies accomplie, le corps de
Henri IY fut pompeusement transporté à Saint-Denis où il fut
enseveli 1 2 3.
1. Voir : L’Ordre de la pompe funèbre observé au convoi et funérailles du très
chrétien, très puissant... Henry le Grand. — Lyon, Claude Maillon, 1610, p. 8. —
Brief discours des pompes, cérémonies et obsèques funèbres de M. Henry le Grand
(s. 1. n. d.) B. N. LL 33,917, p. 3.
2. L’efllgie ne figurait pas seulement sur le lit de parade : on la voyait encore
dans le cortège. Seulement tandis que sur le lit, les mains étaient jointes sur la
vi. — 3e période. 37
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que l’on appelait effigie. Ensuite dans une salle de parade, sur un lit
incliné légèrement, le corps fait en osier était étendu, supportant la
tête en cire, tandis que les deux mains, également en cire, étaient
jointes [sur la poitrine. Yoici, d’après les relations officielles des
obsèques de Henri IY, comment son effigie fut vêtue dans la chapelle
ardente : « Premièrement, d’une chemise de toile de Hollande; par
dessus, d’une camisole de satin cramoisy rouge, doublée de taffetas de
même couleur, bordée d'un petit passement d’or; d’icelle on ne voyait
les manches que jusques aux coudes et le bas environ quatre doigts
sur les jambes, pour ce que la tunique couvrait le reste. Par-dessus
estait la tunique de satin azurin, semée de fleurs de lys d’or avec un
passement d’or et d’argent de la largeur de 4 doigts, les manches
jusques aux coudes. Dessus la tunique était le manteau royal de
velours violet cramoisy semé de fleurs de lys d’or, de longueur de
cinq à six aunes, compris la queue. Ledit manteau était ouvert par
devant, doublé d’hermine, le collet rond d’hermine, renversé d’envi-
ron 1 pied. Au col de ladite effigie, était Torde du Saint-Esprit et
sur la tête un petit bonnet de velours cramoisy brun, et dessus, la
couronne royale, garnie de pierres précieuses. Les jambes étaient
chaussées de bottines de velours rouge semées de fleurs de lys d’or,
semelées de satin de même couleur '. »
L’exposition de l’effigie dans la salle de parade durait onze jours,
pendant lesquels les grands officiers de la Couronne faisaient le
service de la chambre et de la table, pour l’effigie royale, comme si le
roi eût été vivant et remplissaient toutes les formalités de l’étiquette
ordinaire. Ainsi deux fois par jour, on dressait une table sur laquelle
on servait les viandes et les boissons qu’y apportaient les maîtres
d’hôtel, échansons, panetiers et valets tranchants. Les aumôniers
récitaient les Bénédicités et les Grâces auxquels ils ajoutaient seule-
ment un Libéra et un De Profundis. Après chaque repas, les mets
étaient remis aux pauvres.
Cette dernière période des cérémonies accomplie, le corps de
Henri IY fut pompeusement transporté à Saint-Denis où il fut
enseveli 1 2 3.
1. Voir : L’Ordre de la pompe funèbre observé au convoi et funérailles du très
chrétien, très puissant... Henry le Grand. — Lyon, Claude Maillon, 1610, p. 8. —
Brief discours des pompes, cérémonies et obsèques funèbres de M. Henry le Grand
(s. 1. n. d.) B. N. LL 33,917, p. 3.
2. L’efllgie ne figurait pas seulement sur le lit de parade : on la voyait encore
dans le cortège. Seulement tandis que sur le lit, les mains étaient jointes sur la
vi. — 3e période. 37