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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 4
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Bapst, Germain: Le masque de Henri IV
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0333

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LE MASQUE DE HENRI IV.

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d’Aumale l’autre chez un collectionneur, savant de mérite, M. Des-
mottes 2. Nous avons cru d’abord que cette dernière devait être attri-
buée à Dupré. Mais l’étude des différentes médailles de ce sculpteur
nous a fait changer d’avis et aujourd’hui nous demeurons convaincu
que la tête de Henri IY qui est à Chantilly est l’œuvre de Dupré et
celle de M. Desmottes l’oeuvre de Michel Bourdin.

Yoici comment notre conviction s’est faite. La tète de Chantilly a
un caractère de vérité plus saisissant que celle de M. Desmottes, qui
est peut-être plus agréable à regarder. Ce qui frappe surtout, dans
celle de Chantilly, c’est l’avancement considérable de la lèvre infé-
rieure et la puissance du nez qui retombe fortement. Les moustaches
et la barbe n’y sont pas savamment peignées comme on les voit
souvent sur les portraits de Henri I Y, ils sont plutôt négligés ; les
cheveux, au lieu d’être relevés, comme le représentent également
beaucoup de gravures, sont assez ras, frisottants et formant, du reste
comme sur la tête qui appartient à M. Desmottes, un petit toupet à la
partie supérieure. L’expression dominante dans la tête de Chantilly
est celle de la souffrance qui apparaît sur tous les traits du visage.
N’est-ce pas aux douleurs des derniers moments, amenées par un mal
violent, qu’il faut attribuer la contraction qui a produit l’avancement
si considérable de la lèvre inférieure? Ajoutez à cela l’espèce de
transparence de la cire qui s’est quelque peu décolorée et vous
croirez réellement être en présence d’un cadavre 3 !

Au contraire, la tète qui appartient à M. Desmottes paraît être
beaucoup plus gaie ; la cire a d’abord gardé une meilleure coloration ;
elle porte beaucoup plus de détails qui paraissent être moins naturels
et faits plutôt de souvenirs. La barbe y est peignée avec ce soin
délicat que ne pouvait avoir le roi après sa mort; le front est plus
fuyant et la tête est quelque peu en forme de pain de sucre, se rétré-
cissant des deux côtés, tandis que dans celle de Chantilly le front
également fuyant, conserve sa largeur sur les côtés. Elle est plus
agréable à regarder; elle n’a point, comme l’autre, cette effroyable

1. Voir la reproduction à l’eau-forte, publiée dans la Gazette des Beaux-Arts,
2e période, t. XXIV, p. 199.

2. Nous tenons à remercier M. Desmottes de l’amabilité qu’il a mise à nous
donner des renseignements sur sa pièce et à le féliciter en même temps d’avoir
recueilli dans sa collection une œuvre aussi belle et d’un intérêt historique aussi
élevé.

3. Sur la Cérographie, voir : Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 1874,
p. 167-172. Article de M. de Boislisle. — Ludovic Lalanne, Curiosités de l'Archéo-
logie et des Beaux-Arts, p. 114.
 
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