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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 4
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Lefort, Paul: Th. Ribot: les artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0342

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fait VHercule de M. Gustave-Rodolphe Boulanger, la Première Discorde
de M. Bouguereau, la Phryné de M. Gérôme, les portraits de M. Flan-
drin et la grande bataille de M. Yvon ». A l’occasion des envois de
l’artiste au Salon de 1863, où il exposait la Prière des petites filles, qu’il
a plus tard gravée à l’eau-forte, les Plumeurs et la Toilette du matin,
le même critique ravi proclame Ribot « petit-fils de Chardin et des-
cendant des Hollandais ».

En 1864, apparaissent le Chant du cantique et les Rétameurs. Ce
dernier ouvrage, que Ribot estimait l’un de ses meilleurs, fut stupide-
ment détruit, lors de la guerre de 1870, par les Allemands dans l’atelier
de l’artiste à Argenteuil. Ces deux toiles valurent à Ribot sa première
récompense, une médaille de 3e classe : on voit que le jury ne le gâtait
pas. En 1865, nouvelle modeste médaille; et cependant, cette année-
là, il expose Une Répétition, où il a groupé en de pittoresques défroques
des bohémiens faisant de la musique, et le superbe Saint Sébastien,
qui est au Musée du Luxembourg1. L’Etat le paya six mille francs ;
en 1865, c’était encore un prix honorable et l’artiste, tout le premier,
s’en montra flatté et reconnaissant. Et, soit dit en passant, il n’est
que juste de rappeler ici que l’administration des Beaux-Arts a de
tout temps fait preuve envers les ouvrages de Ribot d’une estime
toute particulière, et la preuve en est que la majeure partie de ses
plus importantes compositions : Jésus et les Docteurs, le Samaritain, le
Supplice des coins, VHuître et les Plaideurs, les Philosophes, le Martyre de
Saint Vincent, un autre Samaritain, etc., sont la propriété de l’Etat et
figurent, soit au Luxembourg, soit dans divers musées de pi’ovince.

Jusqu’à l’apparition du Saint Sébastien, le peintre n’avait encore
montré dans ses petits intérieurs de cuisine, ses basses-cours, ses
tableaux de nature morte qu’une adresse remarquable, beaucoup de
finesse dans ses colorations, et surtout, une rare virtuosité d’exécu-
tion. Il dépassait son ami Bonvin, quelque peu lourd dans ses figures,
et, comme l’avait dit Bürger, s’approchait de Chardin en rappelant
aussi quelques-uns des meilleurs Hollandais. Mais avec le Saint
Sébastien, la critique étonnée, dévoyée, ne se montra pas aussi unani-
mement élogieuse qu’elle l’avait été jusqu’alors L Ce n’est pas qu’elle
méconnut tout d’abord en lui la science et l’énergie du praticien.
Mais, elle n’était pas éloignée de crier au pastiche et, tout le premier,
Bürger faisait des réserves, chicanait l’artiste sur le choix de son

1. Le Saint Sébastien a été gravé sur bois dans la Gazette, t. XVIII, Ire série, sur
un dessin original de l’artiste; nous publions de nouveau cette gravure.

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