TII. IIIBOT.
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et d’apparat. Au surplus, quelle mondaine eût jamais consenti à
laisser reproduire ses traits par un artiste qui aimait tant le noir !
lien apeint cependant et de très remarquables, entre autres, celui de
Mme Gueymard-Lauters, qui fut exposé au Salon de 1876, celui de sa
fille, qui figura au Salon de 1882, et plusieurs de Mme Ribot. Ses por-
traits d’hommes sont plus nombreux : ceux de M. Van de Kerkhove,
vigoureuse ébauche brossée, avec la crânerie d’un Franz Hais, exposé
en 1875, du père Fiac, du père Bresleau, du fils de l’artiste, et de
l’artiste lui-même montrent avec quelle pénétrante observation le
peintre savait démêler le caractère et l’accent typique dans la
physionomie de ses modèles et avec quelle puissance il la tradui-
sait.
Comme l’a dit avec beaucoup de justesse M. de Fourcaud *, « les
moindres croquis de Ribot sentent la peinture ». En effet, dans ses
dessins toujours reconnaissables à première vue, l’artiste emploie
indifféremment tous les procédés, et de chacun, plume, crayon, fusain
ou lavis à l’encre de Chine, il tire des ressources imprévues et obtient
des résultats puissamment colorés et singulièrement suggestifs. La
même empreinte d’originalité caractérise ses eaux-fortes, ‘où il
emploie les procédés les plus savants aussi bien que les plus naïfs,
utilisant tous les outils : burin, aiguille à tricoter, ou pointe de
couteau de cuisine. Finement, délicatement traitées, ou mordues
par grands plans, ces estampes, aux larges partis de blancs et de
noirs profonds, rappellent les méthodes du peintre et vivent de la
même intensité de coloris que ses peintures.
En 1884, Ribot fut l’objet, de la part d’un groupe de peintres et
d’admirateurs de son talent, d’une manifestation de touchante sym-
pathie et d’hommage rendu à sa rare modestie. Un banquet lui fut
offert et, à cette occasion, comme il avait été fait pour Corot, une
médaille fut expressément frappée en l’honneur du maître aux iné-
branlables convictions.
Atteint depuis quelques années d’une maladie de cœur, Ribot est
mort dans sa petite maison de Colombes, le vendredi 11 septembre.
L’école française contemporaine a certainement perdu en lui, sous
le rapport de la technique, son plus consciencieux, son plus habile
ouvrier.
Paul Lefort.
I. Voy. Th. Ribot, sa vie et ses œuvres, par L. de Fourcaud, chez Ludovic
Baschet.
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et d’apparat. Au surplus, quelle mondaine eût jamais consenti à
laisser reproduire ses traits par un artiste qui aimait tant le noir !
lien apeint cependant et de très remarquables, entre autres, celui de
Mme Gueymard-Lauters, qui fut exposé au Salon de 1876, celui de sa
fille, qui figura au Salon de 1882, et plusieurs de Mme Ribot. Ses por-
traits d’hommes sont plus nombreux : ceux de M. Van de Kerkhove,
vigoureuse ébauche brossée, avec la crânerie d’un Franz Hais, exposé
en 1875, du père Fiac, du père Bresleau, du fils de l’artiste, et de
l’artiste lui-même montrent avec quelle pénétrante observation le
peintre savait démêler le caractère et l’accent typique dans la
physionomie de ses modèles et avec quelle puissance il la tradui-
sait.
Comme l’a dit avec beaucoup de justesse M. de Fourcaud *, « les
moindres croquis de Ribot sentent la peinture ». En effet, dans ses
dessins toujours reconnaissables à première vue, l’artiste emploie
indifféremment tous les procédés, et de chacun, plume, crayon, fusain
ou lavis à l’encre de Chine, il tire des ressources imprévues et obtient
des résultats puissamment colorés et singulièrement suggestifs. La
même empreinte d’originalité caractérise ses eaux-fortes, ‘où il
emploie les procédés les plus savants aussi bien que les plus naïfs,
utilisant tous les outils : burin, aiguille à tricoter, ou pointe de
couteau de cuisine. Finement, délicatement traitées, ou mordues
par grands plans, ces estampes, aux larges partis de blancs et de
noirs profonds, rappellent les méthodes du peintre et vivent de la
même intensité de coloris que ses peintures.
En 1884, Ribot fut l’objet, de la part d’un groupe de peintres et
d’admirateurs de son talent, d’une manifestation de touchante sym-
pathie et d’hommage rendu à sa rare modestie. Un banquet lui fut
offert et, à cette occasion, comme il avait été fait pour Corot, une
médaille fut expressément frappée en l’honneur du maître aux iné-
branlables convictions.
Atteint depuis quelques années d’une maladie de cœur, Ribot est
mort dans sa petite maison de Colombes, le vendredi 11 septembre.
L’école française contemporaine a certainement perdu en lui, sous
le rapport de la technique, son plus consciencieux, son plus habile
ouvrier.
Paul Lefort.
I. Voy. Th. Ribot, sa vie et ses œuvres, par L. de Fourcaud, chez Ludovic
Baschet.