Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0381

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
THOMAS LAWRENCE.

339

Blanc, ne résulte pas moins quelquefois d’une négation retentissante
que d’un aveu. » Lawrence en effet paya cher la maladresse de cette
protestation : les dames de l’aristocratie anglaise jugèrent à propos
de s’en offenser. On murmura dans les salons que le jeune peintre
n’avait pas eu, ni au début ni dans la conclusion de l’affaire, la tenue
qui convenait à un gentleman, et on se mit un temps à faire mine de
le dédaigner.

Ce malheur fut, en fin de compte, un bonheur, car il valut à l’art
anglais quelques-uns de ses chefs-d’œuvre. Le zèle de Lawrence, son
application au travail, son effort pour atteindre à l’art tel qu’il le
concevait, n’ont jamais avant ni depuis été si manifestes, et ne
lui ont mieux réussi. De ses six envois à l’Exposition de 1806, trois
au moins sont des chefs-d’œuvre : le portrait de Lord Ellenborough
(gravé par Sievier), celui de Sir Joseph Banks (gravé par Evans et
par Carden), qui a longtemps appartenu au British Muséum, et celui
du Comte de Malmesbury (gravé par Ward). Encore ces trois portraits
ne sont-ils que de la peinture d’occasion en comparaison des
deux tableaux que Lawrence envoya à l’Academy l’année suivante,
en 1807 : le portrait de M. Berkeley Paget et le premier portrait de
famille des Baring (gravé par Charles Turner), où sont représentés,
occupés aune consultation financière, Sir Francis Baring, le fameux
banquier, son frère M. John Baring. et M. C. Wall, son gendre.

Toutes les qualités du génie de Lawrence se trouvent, et portées
à leur plus haute perfection, dans cet admirable tableau, infiniment
supérieur au tableau de Reynolds dont il est inspiré. Au lieu de la
froide et savante correction de Reynolds, qui n’a groupé ses person-
nages que pour faire trois portraits sur une seule toile, c’est ici la
vie même, et rendue avec une force d’expression, une justesse et une
variété de mouvement, une beauté de lignes et de couleurs tout à fait
magistrales.

Les contemporains eux-mêmes de Lawrence, d’ailleurs, ne se
sont pas trompés sur la valeur de ce tableau. C’est lui que les critiques
s’accordaient à considérer comme le morceau le plus remarquable de
l’Academy en 1807, malgré que Hoppner et Opie, et tous les rivaux
jeunes et vieux de Lawrence, fussent représentés par d’excellents
morceaux à cette Exposition, Tune des plus brillantes dont on ait
gardé le souvenir. « Le groupe de la famille Baring, écrit un critique
du temps, pourrait être appelé un beau tableau vénitien, car il pos-
sède toute la luxuriance et tout l’éclat splendide d’un Paul Yéronèse.
Au centre est un noyau de belle couleur chaude, délicieux à l’œil avec
 
Annotationen