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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 4
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0394

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352

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

donna quelque prestige aux yeux de ses compatriotes et lui procura l’honneui* de
répandre, sous fégide des archiducs Albert et Isabelle, ses créations d’un goût dou-
teux. Pourtant il avait de l’imagination, et ses églises, inspirées de celles de Rome,
ne laissent pas d’avoir un caractère pompeux qui les destine fort bien à servir de
cadre aux sérieuses productions de l’École flamande de l’époque. Les Crayer et
les Quellin avaient peint, pour orner l’église des Augustins, quelques-unes de leurs
œuvres principales. Le grand tableau du premier de ces maîtres, qu’on voit à la
Pinacothèque de Munich, provient des Augustins de Bruxelles.

L’édifice eut des fortunes diverses : plusieurs fois soustrait au culte, il servit
d’hôpital aux blessés français, après Waterloo. On en fit, sous le régime hollan-
dais, un temple protestant où se rendait régulièrement la famille royale pendant
son séjour à Bruxelles. Il y a quelques années à peine que le gouvernement des
Pays-Bas a obtenu le transfert à Delft des restes d’un prince hollandais inhumé
dans l’ancien temple des Augustins. Pendant un grand nombre d’années, on y tint
des solennités musicales et autres auxquelles l’édifice prêtait un caractère de
majesté qu’elles n’ont jamais retrouvé ailleurs. Pour les concerts du Conservatoire
l’acoustique y était admirable, et son souvenir s’associe au triomphe de quelques-unes
des célébrités musicales de notre temps. Les voûtes du temple des Augustins reten-
tirent plus d’une fois des merveilleux accords du violon du Vieuxtcmps et de la
basse de Servais. La Malibran y chanta;

Mais enfin tout passe..!

Au moment même où la construction des nouveaux boulevards venait faire de
l’ancienne église un monument de la ville transformée, on s’aperçut qu’en dehors
de sa façade principale elle n’offrait aucun intérêt architectural. Il fut alors
question de la compléter. C’était un acte de pur dilettantisme; le projet fut
abandonné. Tant bien que mal on y installa la poste aux lettres, en attendant
l’achèvement du nouvel Hôtel des postes. Celui-ci devant être prochainement livré
à sa destination, l’idée est venue de transporter tout l’ancien temple des Auguslins,
dans un faubourg où manque une église. L’idée n’est point malheureuse, étant
donné que beaucoup d’églises de notre temps ne sont que la copie de celles du
passé. Mais le fait par lui-même est curieux et, je crois, sans exemple dans
l’histoire de l’architecture.

HENRI HYMANS.

Le Rédacteur en chef gérant : LOUIS GONSE.

SCEAUX. — 1MI>. CHAR AIRE ET Cio.
 
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