GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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Y Apparition de Jésus-Christ à Marie Alacoque et, en traitant pour la
seconde fois le sujet, l’artiste y déploya plus de force et d’ampleur.
L’accentuation dans le sens de la vigueur est plus manifeste encore
dans une autre composition, Y Apothéose de saint Vincent de Paul *.
Tous ces travaux furent achevés entre 1861 et 1865. Delaunay pro-
longeait avec plaisir ses séjours à Nantes au milieu de vieux parents
qui l’adoraient et qu’il vénérait. Son père était mort depuis 1849,
mais son oncle, M. Leroy, devenu chef de la famille, lui témoignait
la plus profonde affection. Sa mère et ses deux tantes multipliaient
les gâteries pour le retenir auprès d’elles. C’est à cette époque qu’il
fit tous leurs portraits. Cette collection qu’il emporta avec lui à
Paris garnit encore les murs d’une petite chambre où il coucha
longtemps et où il n’avait admis, auprès de ces pieux souvenirs, que
les portraits de ses maîtres Ingres et Flandrin et trois études d'après
Carpaccio, Raphaël et Véronèse; c’est certainement une des séries
les plus caractéristiques de son oeuvre. Il est impossible d’exprimer
avec une simplicité plus pieuse et une exactitude plus scrupuleuse
ces figures affables et naïves de bourgeoises provinciales. Une
petite étude de d/lies Mathilde et Justine Leroy jouant aux cartes
dans leur petit salon est un chef-d’œuvre de vérité émue. Le beau
Portrait de Mme Delaunay mère, que nous avons vu faire en 1863, a été
heureusement légué par l’artiste (ce jour-là et par piété filiale
justement soucieux de sa gloire) aux Musées Nationaux. On le
verra prochainement au Musée du Luxembourg en attendant qu’il
prenne sa place au Louvre comme un des meilleurs exemples de
l’effet qu’on peut obtenir, sans complications de procédés, par
l’extrême honnêteté du rendu.
Delaunay, néanmoins, ne désertait pas la lutte. Il avait toujours
un atelier à Paris et il venait régulièrement dans la capitale, soit
pour y travailler à ses morceaux commencés, soit pour y exécuter
des commandes de diverses sortes, comme, par exemple, le plafond
allégorique qui fut placé au Grand Café, en 1865, à côté de ceux de
Gustave Boulanger et d’Émile Lévy., Cette année 1865 fut vraiment
pour lui décisive. Son exposition où se joignaient, à la Communion des
i. Ces peintures ne sont pas les seules que Delaunay fit pour leglise Saint-
Nicolas. Outre celles que nous avons rappelées plus haut et qu’il exécuta dans sa
première jeunesse, il accepta, beaucoup plus tard, la tâche difficile de décorer
l’archivolte qui surmonte la tombe de JDr Fournier, l’un de ses protecteurs et le
fondateur de leglise nouvelle. On y voit l’évêque présentant à Dieu le modèle de
la construction, entre saint Nicolas et saint Félix.
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Y Apparition de Jésus-Christ à Marie Alacoque et, en traitant pour la
seconde fois le sujet, l’artiste y déploya plus de force et d’ampleur.
L’accentuation dans le sens de la vigueur est plus manifeste encore
dans une autre composition, Y Apothéose de saint Vincent de Paul *.
Tous ces travaux furent achevés entre 1861 et 1865. Delaunay pro-
longeait avec plaisir ses séjours à Nantes au milieu de vieux parents
qui l’adoraient et qu’il vénérait. Son père était mort depuis 1849,
mais son oncle, M. Leroy, devenu chef de la famille, lui témoignait
la plus profonde affection. Sa mère et ses deux tantes multipliaient
les gâteries pour le retenir auprès d’elles. C’est à cette époque qu’il
fit tous leurs portraits. Cette collection qu’il emporta avec lui à
Paris garnit encore les murs d’une petite chambre où il coucha
longtemps et où il n’avait admis, auprès de ces pieux souvenirs, que
les portraits de ses maîtres Ingres et Flandrin et trois études d'après
Carpaccio, Raphaël et Véronèse; c’est certainement une des séries
les plus caractéristiques de son oeuvre. Il est impossible d’exprimer
avec une simplicité plus pieuse et une exactitude plus scrupuleuse
ces figures affables et naïves de bourgeoises provinciales. Une
petite étude de d/lies Mathilde et Justine Leroy jouant aux cartes
dans leur petit salon est un chef-d’œuvre de vérité émue. Le beau
Portrait de Mme Delaunay mère, que nous avons vu faire en 1863, a été
heureusement légué par l’artiste (ce jour-là et par piété filiale
justement soucieux de sa gloire) aux Musées Nationaux. On le
verra prochainement au Musée du Luxembourg en attendant qu’il
prenne sa place au Louvre comme un des meilleurs exemples de
l’effet qu’on peut obtenir, sans complications de procédés, par
l’extrême honnêteté du rendu.
Delaunay, néanmoins, ne désertait pas la lutte. Il avait toujours
un atelier à Paris et il venait régulièrement dans la capitale, soit
pour y travailler à ses morceaux commencés, soit pour y exécuter
des commandes de diverses sortes, comme, par exemple, le plafond
allégorique qui fut placé au Grand Café, en 1865, à côté de ceux de
Gustave Boulanger et d’Émile Lévy., Cette année 1865 fut vraiment
pour lui décisive. Son exposition où se joignaient, à la Communion des
i. Ces peintures ne sont pas les seules que Delaunay fit pour leglise Saint-
Nicolas. Outre celles que nous avons rappelées plus haut et qu’il exécuta dans sa
première jeunesse, il accepta, beaucoup plus tard, la tâche difficile de décorer
l’archivolte qui surmonte la tombe de JDr Fournier, l’un de ses protecteurs et le
fondateur de leglise nouvelle. On y voit l’évêque présentant à Dieu le modèle de
la construction, entre saint Nicolas et saint Félix.