LA SCULPTURE A FERRARE.
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(22 février 1530) donna lieu aux préparatifs les plus somptueux. On
s’assura en cette circonstance le concours d’Alfonso Lombardi, qui
fut chargé d’élever un arc de triomphe devant le portail de San-
Petronio où devait se faire la cérémonie *. Il n’épargna pas sa peine
et s’efforça de frapper les yeux et l’imagination non seulement de
l’empereur, mais des princes et des seigneurs accourus de toutes
parts « comme pour un plaid à la façon des Carolingiens », selon
l’expression de Balbo. On remarqua particulièrement les médaillons
qu’il avait introduits çà et là, ce qui lui valut de très nombreuses
commandes de portraits. Il s’était déjà, du reste, acquis une juste
renommée en imaginant le premier de faire avec de la cire ou avec
du stuc des portraits d’après nature en forme de médailles, portraits
traités avec beaucoup d’esprit et de goût, qui lui rapportaient autant
de profit que d’honneur. Yasari rapporte qu’Alfonso fit ainsi ceux du
prince Doria, d’Alphonse duc de Ferrare, d’Hippolyte de Médicis, de
Bembo et de l’Arioste.
Pendant le séjour de Charles-Quint à Bologne, l’Arétin, à la solli-
citation du cardinal Hippolyte de Médicis, décida Titien à se rendre
dans cette ville pour faire le portrait du puissant empereur. Yasari
raconte qu’Alfonso Lombardi gagna l’amitié du peintre vénitien, et
que, lui ayant offert de porter ses couleurs, il l’accompagna dans la
chambre de Sa Majesté. Pendant que Titien était absorbé par son
travail, il se plaça derrière lui, tira de sa poche et cacha dans sa
main une petite boite ronde contenant du stuc, et reproduisit de son
côté les traits du souverain. Celui-ci, malgré les précautions de
Lombardi, s’en était aperçu. Quand il crut le médaillon achevé, il
voulut le voir, en fut très satisfait et décida que la moitié des mille
écus destinés à Titien serait remise au sculpteur. En outre, il
demanda sur-le-champ à Lombardi de faire son portrait en marbre et
de le lui apporter à Gênes. Ce portrait fut exécuté avec tant de soin
qu’il fut, au dire de Yasari, regardé comme une œuvre très précieuse,
« cosa rarissima », et qu’il rapporta à son auteur trois cents autres
écus.
Parmi les hauts personnages qui firent des commandes à Lom-
bardi, on ne peut omettre Frédéric II, duc de Mantoue. Le 21 fé-
vrier 1532, Frédéric le priait en termes affectueux d’apporter lui-même
à Mantoue, afin qu’elles ne courussent aucun danger, plusieurs têtes
qui devaient être terminées, et dans une autre lettre, où il le traitait
L Pour un autre arc de triomphe, Yasari fit des figures en relief.
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(22 février 1530) donna lieu aux préparatifs les plus somptueux. On
s’assura en cette circonstance le concours d’Alfonso Lombardi, qui
fut chargé d’élever un arc de triomphe devant le portail de San-
Petronio où devait se faire la cérémonie *. Il n’épargna pas sa peine
et s’efforça de frapper les yeux et l’imagination non seulement de
l’empereur, mais des princes et des seigneurs accourus de toutes
parts « comme pour un plaid à la façon des Carolingiens », selon
l’expression de Balbo. On remarqua particulièrement les médaillons
qu’il avait introduits çà et là, ce qui lui valut de très nombreuses
commandes de portraits. Il s’était déjà, du reste, acquis une juste
renommée en imaginant le premier de faire avec de la cire ou avec
du stuc des portraits d’après nature en forme de médailles, portraits
traités avec beaucoup d’esprit et de goût, qui lui rapportaient autant
de profit que d’honneur. Yasari rapporte qu’Alfonso fit ainsi ceux du
prince Doria, d’Alphonse duc de Ferrare, d’Hippolyte de Médicis, de
Bembo et de l’Arioste.
Pendant le séjour de Charles-Quint à Bologne, l’Arétin, à la solli-
citation du cardinal Hippolyte de Médicis, décida Titien à se rendre
dans cette ville pour faire le portrait du puissant empereur. Yasari
raconte qu’Alfonso Lombardi gagna l’amitié du peintre vénitien, et
que, lui ayant offert de porter ses couleurs, il l’accompagna dans la
chambre de Sa Majesté. Pendant que Titien était absorbé par son
travail, il se plaça derrière lui, tira de sa poche et cacha dans sa
main une petite boite ronde contenant du stuc, et reproduisit de son
côté les traits du souverain. Celui-ci, malgré les précautions de
Lombardi, s’en était aperçu. Quand il crut le médaillon achevé, il
voulut le voir, en fut très satisfait et décida que la moitié des mille
écus destinés à Titien serait remise au sculpteur. En outre, il
demanda sur-le-champ à Lombardi de faire son portrait en marbre et
de le lui apporter à Gênes. Ce portrait fut exécuté avec tant de soin
qu’il fut, au dire de Yasari, regardé comme une œuvre très précieuse,
« cosa rarissima », et qu’il rapporta à son auteur trois cents autres
écus.
Parmi les hauts personnages qui firent des commandes à Lom-
bardi, on ne peut omettre Frédéric II, duc de Mantoue. Le 21 fé-
vrier 1532, Frédéric le priait en termes affectueux d’apporter lui-même
à Mantoue, afin qu’elles ne courussent aucun danger, plusieurs têtes
qui devaient être terminées, et dans une autre lettre, où il le traitait
L Pour un autre arc de triomphe, Yasari fit des figures en relief.