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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
par les anciens remparts de la ville avait produit une somme con-
sidérable, — plusieurs centaines de millions, — qui fut versée dans
une caisse spéciale et affectée en totalité à l’érection d’édifices publics.
N’ayant point à compter avec la dépense, rien ne fut épargné pour
que ceux-ci fussent aussi somptueux que possible. L’entreprise fut
d’ailleurs secondée par la collaboration d’artistes du plus grand
talent. Les noms de Fœrstel, de Hansen, de Schmidt resteront
attachés à ce rajeunissement de la ville de Vienne '. C’est à eux que
revient la meilleure part, et de beaucoup, dans ce travail colossal;
chacun d’eux affirmant vigoureusement son originalité dans des
créations d’un caractère très net, très voulu, d’une exécution
étudiée et habile, en conformité étroite avec le programme imposé.
A Hansen, le classique, le théoricien savant nourri des prin-
cipes exclusifs de l’Antique, sont dus le nouveau Parlement, en
style néo-grec, la Bourse, l’École des Beaux-Arts.
Schmidt est le brillant architecte du Rathaus (Hôtel de Ville),
chef-d’œuvre du genre gothique, et de la Chapelle expiatoire bâtie
par l’empereur sur l’emplacement du Ring-Théâtre incendié.
La Gazette des Beaux-Arts a publié, avec le travail de M. Sédille,
un très bon dessin du Rathaus, qui permet d’apprécier la haute
valeur de la façade. Comme Fœrstel, Schmidt, dont la mort récente
a été un deuil pour l’Autriche, s’était livré à un examen approfondi
de l’art du moyen âge et particulièrement du gothique français.
Moins heureux que son émule dans les applications du décor, surtout
du décor intérieur, il a, comme lui, un sens supérieur de l’expression
des formes architecturales et de leur rôle pittoresque. Il s’en faut de
peu que l’Hôtel de Ville de Vienne ne rivalise, comme perfection,
dans le genre gothique, avec la fameuse Église Votive de Fœrstel.
Mais Fœrstel n’a pas que cette œuvre à son actif; son génie
éclectique a rencontré dans l’étude des monuments delà Renaissance,
et même dans celle du rococo pompeux de Fischer d’Erlach, une
source féconde d’applications ingénieuses et d’idées neuves.
L’Institut de chimie, le Gewerbe-Museum, l’Université sont des
constructions qui compteront, on n’en saurait douter, dans l’histoire
de la construction moderne. Tous ceux qui ont visité la ville actuelle
ont certainement admiré les proportions du palais de l’Université et
le beau parti décoratif de son gigantesque escalier.
1. Nos lecteurs n’ont certainement pas oublié les articles Irès étudiés et très
compétents que notre excellent collaborateur, M. Paul Sédille, a consacrés ici
même, en 1884, à l'Architecture moderne à Vienne.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
par les anciens remparts de la ville avait produit une somme con-
sidérable, — plusieurs centaines de millions, — qui fut versée dans
une caisse spéciale et affectée en totalité à l’érection d’édifices publics.
N’ayant point à compter avec la dépense, rien ne fut épargné pour
que ceux-ci fussent aussi somptueux que possible. L’entreprise fut
d’ailleurs secondée par la collaboration d’artistes du plus grand
talent. Les noms de Fœrstel, de Hansen, de Schmidt resteront
attachés à ce rajeunissement de la ville de Vienne '. C’est à eux que
revient la meilleure part, et de beaucoup, dans ce travail colossal;
chacun d’eux affirmant vigoureusement son originalité dans des
créations d’un caractère très net, très voulu, d’une exécution
étudiée et habile, en conformité étroite avec le programme imposé.
A Hansen, le classique, le théoricien savant nourri des prin-
cipes exclusifs de l’Antique, sont dus le nouveau Parlement, en
style néo-grec, la Bourse, l’École des Beaux-Arts.
Schmidt est le brillant architecte du Rathaus (Hôtel de Ville),
chef-d’œuvre du genre gothique, et de la Chapelle expiatoire bâtie
par l’empereur sur l’emplacement du Ring-Théâtre incendié.
La Gazette des Beaux-Arts a publié, avec le travail de M. Sédille,
un très bon dessin du Rathaus, qui permet d’apprécier la haute
valeur de la façade. Comme Fœrstel, Schmidt, dont la mort récente
a été un deuil pour l’Autriche, s’était livré à un examen approfondi
de l’art du moyen âge et particulièrement du gothique français.
Moins heureux que son émule dans les applications du décor, surtout
du décor intérieur, il a, comme lui, un sens supérieur de l’expression
des formes architecturales et de leur rôle pittoresque. Il s’en faut de
peu que l’Hôtel de Ville de Vienne ne rivalise, comme perfection,
dans le genre gothique, avec la fameuse Église Votive de Fœrstel.
Mais Fœrstel n’a pas que cette œuvre à son actif; son génie
éclectique a rencontré dans l’étude des monuments delà Renaissance,
et même dans celle du rococo pompeux de Fischer d’Erlach, une
source féconde d’applications ingénieuses et d’idées neuves.
L’Institut de chimie, le Gewerbe-Museum, l’Université sont des
constructions qui compteront, on n’en saurait douter, dans l’histoire
de la construction moderne. Tous ceux qui ont visité la ville actuelle
ont certainement admiré les proportions du palais de l’Université et
le beau parti décoratif de son gigantesque escalier.
1. Nos lecteurs n’ont certainement pas oublié les articles Irès étudiés et très
compétents que notre excellent collaborateur, M. Paul Sédille, a consacrés ici
même, en 1884, à l'Architecture moderne à Vienne.