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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 5
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Gonse, Louis: Le nouveau palais des musées à Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0449

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LE NOUVEAU PALAIS DES MUSÉES A VIENNE.

397

Ni l’ancienne Flandre, ni l’Italie du xve siècle, ni la France, n’ont
été admises dans le cénacle; il restait deux places qu’on aurait pu,
semble-t-il, sans inconvénient, accorder aux Van Eyck et à Watteau,
au lieu de les meubler d'une allégorie quelconque; Mantegna, qui est
représenté au Musée par un chef-d’œuvre, avait aussi quelques
titres. Hans Makart, l’auteur de ces lunettes, en a décidé autrement:
il a retenu surtout ce qui pouvait fournir à son talent de décora-
teur des motifs congruents. Dessin facile, abondant, coloris étoffé,
bitumineux, intentions soulignées : telles sont les caractéristiques
de ces peintures qui sont peut-être les meilleures de cet artiste
surfait et déjà bien oublié.

Au-dessous, dans les tympans des archivoltes, derrière les
colonnes, se déroule comme une longue tapisserie éployée, une suite
de compositions décoratives dues à la collaboration de Franz Matsch
et des frères Gustave et Ernest Klimt.

J’avais entendu parler avec grands éloges de ces nouveaux venus
dans l’art si difficile de la décoration murale ; je ne m’attendais
cependant devant les peintures de l’escalier du Musée, comme devant
celles des plafonds du Burg-Théâtre, à rencontrer des sensations d’une
saveur aussi imprévue. Le résultat de cette curieuse collaboration est
tout à fait intéressant et digne d’être noté comme l’effort le plus
remarquable de la peinture à Vienne, en ces derniers temps. Un cycle
de quarante compositions habilement reliées entre elles et com-
mandées, en quelque sorte, par la disposition architecturale, repré-
sente les modes successifs de la Peinture à travers les âges, chaque
époque étant caractérisée par une figure facile à reconnaître et expri-
mant avec clarté l’intention allégorique, aussi bien par style et
couleur, que par dessin et costume. C’est ainsi que l’art flamand
du xve siècle est indiqué par une des figures des anges musiciens
des volets de l'Agneau mystique, l’art italien du quattrocento par une
figure de Botticelli, etc. Le programme était ingénieux, mais il
pouvait facilement tourner au poncif et au banal. MM. Klimt et
Matsch l’ont rempli avec une dextérité rare, une originalité de
pensée incontestable, un sentiment puissant de la couleur, profitant
de l'irrégularité des surfaces pour donner à leurs figures plus de
mouvement et de grâce.

Nous ne suivrons pas les travaux des décorateurs et ornemanistes
viennois à travers les autres parties de l’édifice; il faudrait à les
décrire tout un volume. Rien, du reste, n’y est à comparer avec ce
qu’on voit dans le grand escalier. Il faut maintenant pénétrer dans
 
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