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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 8
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0480

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428

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Homolle, le nouveau directeur de l’École d’Athènes, a trouvé, dans un
jardin, un torse de femme archaïque, du type des Athénas de l’Acropole :
c’est d’un excellent augure pour la campagne qui doit s’ouvrir en 1892.

Grâce aux fouilles de M. llomolle àDélos et de M. Cavvadias sur l’Acropole
d’Athènes, l’art grec archaïque est aujourd’hui connu par une longue série
de monuments. Nous avons heureusement conservé presque entière une
statue de marbre qui peut passer pour l’expression la plus parfaite de la
sculpture athénienne avant Phidias. Cette statue a toute une histoire. La
partie supérieure avec la tète fut découverte, avec treize autres statues, au
mois de février 1886, dans la fouille mémorable pratiquée à l’ouest de
l’Érechthéion; on s’aperçut bientôt qu’on en possédait déjà d’autres frag-
ments, entre autres les pieds et le bras gauche, ce dernier exhumé en 1883 à
Test du Parthénon. Un jeune archéologue allemand, M. Studniczka, reconnut,
en 1886, que ces morceaux appartenaient à la même œuvre, et affirma
comme une chose certaine que cette statue avait pour base un piédestal en
marbre portant la signature du sculpteur Anténor, fils d’Eumaros, qui avait
aussi été découvert sur l’Acropole. L’année suivante, en 1887, on recueillit
encore d’autres fragments, notamment un morceau de la jambe droite. Tout
cela a été rajusté avec soin, en usant le moins possible des additions en
plâtre, et il en est résulté la magnifique figure que nous avons fait graver
ici1. La hauteur totale, y compris la base, est de 2m,06. Ce que nous ne
pouvons malheureusement pas reproduire, ce sont les traces nombreuses de
polychromie qui ajoutent à l’intérêt de ce chef-d’œuvre. Renversé de sa base
par les Perses qui ravagèrent l’Acropole et enfoui sous les décombres peu de
temps après avoir été mis en place, il a conservé en grande partie sa
décoration picturale et Ton voit encore, à gauche, les restes du cristal inséré
dans la cavité de l’œil. Ici comme ailleurs, du reste, il n’y a pas de coloration
sur les parties nues du corps et sur le visage, mais seulement sur les cheveux
et les vêtements.

Cela ne peut pas être l’effet du hasard. Dans la longue discussion qui se
poursuit au sujet de la polychromie dans l’art antique, les découvertes faites
sur l'Acropole d’Athènes sont particulièrement instructives, parce qu’elles
nous permettent de saisir au passage la substitution de la polychromie
discrète des sculptures en marbre à ce que M. Léchât a très bien appelé la
polychromie intransigeante des sculptures en tuf-1 2 3. Dans ces dernières, en
effet, où la matière employée est rugueuse, molle, d’un aspect peu agréable
à l’œil, l’emploi de la couleur était tout indiqué : on y trouve des corps peints
en rouge vif, d’autres en jaune et en bleu. Le choix de ces couleurs paraît
assez arbitraire, mais ce qui est certain, c’est que le rouge et le bleu dominenl,
et que le coloris s’étend à toutes les parties des figures. « On peut affirmer,
a écrit M. Léchât, qu’à Athènes, tant qu’on employa le tuf en sculpture,
c’est-à-dire jusque vers le milieu du vie siècle, la peinture était appliquée sur

1. Antike Denkmdler, p). LIIl.

2. Voir le remarquable travail de M. Léchât, publié dans le Bulletin de corres-
pondance hellénique, t. XIV, p. 552-586. C’est aujourd’hui ce que nous possédons

de plus complet et de plus sage sur la grave question de la polychromie des
statues antiques.
 
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