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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Ephrussi, Charles: Simon-Jacques Rochard (1788 - 1872), 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0517

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SIMON-JACQUES ROCHARD.

461

Mérimée n’a guère moins de sympathie élogieuse pour le malheu-
reux Léopold Robert dont il déplore la triste fin avec une sincère
émotion :

Vous avez appris parles journaux qu’un de nos plus habiles peintres de Genève,
Léopold Robert, s’est coupé le cou, on ne sait pourquoi; son dernier tableau fait
à Venise est très remarquable par la vigueur du ton. Ce qui distingue le talent de
Robert, c’est que les personnages de ses scènes populaires ont une noblesse qu’on
ne trouve pas toujours dans les tableaux d’histoire. Il a vu le peuple en beau.
Teniers le voyait tel qu’il est dans les rangs inférieurs.

. Je n’ai encore vu le Salon qu’une fois, ma santé se rétablit si lentement

que je ne me risque à sortir que par un beau soleil. J’ai vu quelques beaux tableaux
et l’un de ceux qui m’a le plus frappé est celui de Léopold Robert, qui l’année
dernière se coupa le cou. Ses premiers tableaux offraient une grande vérité de
forme et de couleur, cependant cette couleur était mate. Son dernier tableau a
été fait à Venise; là il a vu l’emploi que Titien et ses disciples ont fait des glacis
e son dernier tableau est remarquable par une grande vigueur de tons et une
transparence qu’on regrettait de ne pas trouver dans ses autres tableaux. Avec
tant de talent, comment ne peut-on pas tenir à la vie? (9 avril 1836.)

Ici encore Rochard se sépare ouvertement de son mentor. Ses
miniatures prouvent que ses goûts le portaient beaucoup plus vers,
Delacroix que vers Léopold Robert. Dans plus d’un de ces portraits,
l’influence, très heureuse d’ailleurs, de Delacroix est sensible; son
coloris s’inspire des harmonies nouvelles que l’auteur du Massacre
de Scio imposait-, non sans lutte, à l’admiration de ses contemporains.

Rochard semble d’ailleurs avoir entretenu avec le grand roman-
tique d’assez étroites relations, nouées pendant le séjour que celui-ci
lit à Londres en 1825. Un ami commun, le baron Schwiter, élève de
Delacroix, amateur éclairé, les avait sans doute mis en rapport.
Dans une lettre du 3 juillet 1833, Delacroix écrit de Paris à Schwiter :
« Faites, je vous prie, mille compliments à Elmore, à Rochard, aux
Fielding '. » D’autre part, Rochard confie à Delacroix, retournant en
France, une lettre pour L. Mérimée.

On retrouverait l’influence d’un autre Français, Isabey, mais
dans une seule œuvre de Rochard, influence tout accidentelle et due
peut-être à une recommandation spéciale de Mérimée.

1. C’étaient les amis que Delacroix fréquentait le plus à Londres; le nom de
Rochard, associé aux leurs dans la lettre que nous citons, laisse supposer que le
miniaturiste comptait parmi les familiers anglais du maître. Quant à M. Schwiter,
dont il est assez souvent question dans les lettres de L. Mérimée, il possédait plu-
sieurs œuvres de Rochard. (Voir Lettres d’Eugène Delacroix, publiées par Ph. Burty.)
 
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