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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0530

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472

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

quableet suffit à différencier nettement cette œuvre unique de toutes
les autres plus ou moins similaires produites par l’Italie ou
l’Allemagne, et recommandables, les premières par leur grande
allure, les secondes par l’intimité et le fini de l’exécution. Par la
sagesse de leurs contours, la tranquillité presque timide de leurs
draperies, les figures de l’histoire de Pompée rappelleraient un peu le
faire du Flamand Cornelis Floris, qui vivait en 1554.

Si l’on considère les torses des Renommées du haut du plastron,
torses sortant de gaines avec retombées de fruits, l’on se remémore
par contre certaines œuvres de notre école lyonnaise, ces chutes de
fruits, chères à Sambin, mais qu’on trouve aussi dans les dessins des
maîtres allemands de la même époque. D’autre part, quelques lointains
rapports de figures se retrouvent avec celles d’une marque d’impri-
meur attribuée à Jean Goujon.

La critique moderne n’a point hésité à faire honneur des dessins,
de la composition de l’armure de Henri II à des artistes français ; nous
ne sommes pas pour aller contre cet avis. Mais quant à l’exécution,
nous ne craignons pas de la considérer comme due à des orfèvres alle-
mands. Aucun document ne vient malheureusement nous éclairer
d’une manière certaine sur l’atelier d’où est sortie cette merveille.
Tout nous porte cependant à croire qu’elle fut exécutée au Petit-
Nesle par ces maîtres et compagnons orfèvres qu’avait formés Benve-
nuto Cellini, peut-être même par ce Pierre Baulduc, Allemand,
désigné dans les Comptes des Bâtiments du Roy comme compagnon
orfèvre, tandis que Paul Romain et Ascanio Desmarriz, Italiens, y
sont cités comme orfèvres, et André Mutuy, comme sous-maître.

Le fini du faire, la précieuse minutie de l’exécution sont bien
pour nous rappeler ces patients orfèvres d’Augsbourg et de Nurem-
berg, capables de s’acharner, sans se désespérer, avec une patience de
fourmi, sur des œuvres de longue haleine qu’ils menaient à bien en
toute conscience, en copiant servilement leurs modèles. Ouvriers
exceptionnels, ils manquaient peut-être de cette énergie créatrice
qui enfante les chefs-d’œuvre sans s’asservir aux minimes détails de
leur matérielle exécution. Ainsi pour mettre au jour cette merveille,
chaque nation aurait apporté ses qualités d’imagination et de tra-
vail.

Nous l’avons dit : pour juger en toute connaissance de cause de
l’armure de Henri II, les points de comparaison nous manquent. Une
donnée cependant est remarquable dans sa tradition — nous ne dirons
point dans son histoire — c’est qu’on ne l’a pas attribuée à Benvenuto
 
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