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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 6.1891

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Nr. 6
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24450#0538

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480

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

III.

Avec le morion et le bouclier de Charles IX, la Galerie d’Apollon
possède encore comme pièces d’armes : les éperons et l’épée de
Charlemagne, le poignard de La Valette.

L’épée à poignée d’or, dite de Charlemagne, provient du trésor
de l’abbaye de Saint-Denis où elle servait au sacre des rois de
France depuis Philippe le Hardi. Dans le portrait de Louis XIV par
Rigaud, cette épée était déjà figurée au côté du grand roi avec une
fusée à revêtement d’or orné de cloisonnements enserrant des fleurs
de lis. Cette fusée, remaniée par conséquent, fut changée pour le
sacre de Napoléon Ier où l’épée de Charlemagne représenta l’épée de
France et fut portée par le maréchal Lefèvre.

La poignée, les garnitures du fourreau et du ceinturon sont d’or,
ornées de lapis, de pierres taillées en cabochons et polies : saphirs,
topazes, améthystes, grenats et cristal de roche. L’épée elle-même,
et encore convient-il d’en excepter la lame, qui encore qu’ancienne
a été fort remaniée, peut remonter, d’après le style des ornements,
au xie ou au xne siècle, à peu près. Elle porte, sous les quillons, son
poids indiqué en minuscules du xine siècle. Le fourreau, a été res-
tauré, pour la dernière fois, sous le règne de Charles X.

Nous donnons ici la représentation de cette intéressante inscription
obligeamment communiquée par M. Courajod. Comme le remarque
judicieusement l’éminent archéologue, il est clair que cette indication
du poids (deux marcs et demi et dix esterlins) aura été poinçonnée sur
l’or de la garde par un officier royal soucieux d'établir une bonne
fois la valeur d’aloi de cette monture en vue d’inventaires futurs.

Comme l’avait fort bien dit M. Courajod dès 1876, cette épée
n’appartient nullement ni à l’époque ni au style carolingien. Il faut
voir en elle une de ces belles épées, un de ces brancs héroïques des
épopées chevaleresques Scandinaves et germaniques. Scandinaves et
germaniques sont également les traditions décoratives de son pom-
meau et des têtes de ses quillons. En examinant les monuments du
xie siècle en Scandinavie, en comparant leurs ornements à ceux de
l’épée dite de Charlemagne, on est frappé des points de rapports
qu’ils présentent 1.

1. Gfr. les communications de M. Courajod, à la Société des Antiquaires de
France (Bulletin, 1876, p. 117; et 1891, juin).
 
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