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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
calme, intelligent et beau. Pour indiquer que les travaux de la
pensée ont dignement rempli sa vie, l’artiste l’a entouré de livres :
on en voit un à ses pieds, un autre sous le coussin qui soutient sa
tête, un troisième derrière le coussin, un quatrième et un cinquième
le long de la muraille. Une inscription en vers, composée par Tito
Strozzi, garnit la face du sarcorphage. De chaque côté, apparaissent
les armoiries du défunt. Au-dessus de ces armoiries sont debout,
dans des niches surmontées de coquilles, à gauche saint Augustin
baissant les yeux comme pour écouter avec plus de recueillement
les inspirations de l’Esprit Saint qui lui parle à l’oreille sous la forme
d’une colombe, à droite saint Jérôme qui, la tête et le torse nus, tient
de la main droite la pierre dont il va frapper sa poitrine, et lève les
yeux vers le ciel. Saint Jean-Baptiste et deux évêques, placés aux
côtés de saint Jean, sont également debout dans des niches au fond
de l’alcôve où se trouve le sarcophage. Les niches sont encadrées par
des pilastres sur lesquels se détachent de magnifiques candélabres
d’un relief léger1. Dans le tympan, au milieu d’une couronne de fruits
et de fleurs, se présente à mi-corps la Vierge avec l’enfant Jésus qui
est assis sur elle, vêtu d’une petite robe, et qui bénit l’évêque.
Deux anges à mi-corps adorent le Fils de Marie. En outre, sept têtes
de séraphins décorent l’archivolte. Deux petits anges nus sont debout,
une grappe de raisin à la main, aux extrémités de la corniche qui
supporte l’archivolte, et saint Georges, au sommet du monument,
plonge sa lance dans la gueule du dragon légendaire.
L’auteur du tombeau de Lorenzo Roverella, avons-nous dit, est
1. La sculpture d’ornementation fut cultivée avec succès, à Ferrare, au xve siècle.
En dehors du tombeau de Roverella, il en existe d’intéressants spécimens. Notons,
dans le cimetière communal, c’est-à-dire dans les dépendances de la Chartreuse,
les charmantes arabesques qui bordent la porte donnant accès au tombeau Bara-
telli et les beaux candélabres qui ornent les pilastres à l’intérieur de cetle
chambre mortuaire. Il faudrait également citer la porte du palais de Schifanoia,
la frise d'enfants nus qui volent en tenant deux à deux des médaillons à l’exté-
rieur de VÉglise de Saint-François, la cour du Palais Beltrame, la façade du Palais
dei Uiamanti, ainsi que celles du Palais Roverella et du Palais Prosperi. — Dans la
première moitié du xvie siècle, on rencontre encore des preuves d’une rare habi-
leté et d’un goût très pur. Ainsi, dans l’Église des Chartreux, église consacrée à
saint Christophe, que de grâce ont les motifs représentés sur la base des piliers,
motifs attribués par quelques personnes à Sansovino 1 Combien sont ravissantes
les deux cheminées qui ornent le Palais municipal après avoir appartenu au Palais
dei Diamantil Mentionnons enfin, dans la sacristie de la cathédrale, les encadre-
ments des fenêtres et les moulures de la cheminée, qu’exécuta, vers 1530, Antonio
da Venezia.
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
calme, intelligent et beau. Pour indiquer que les travaux de la
pensée ont dignement rempli sa vie, l’artiste l’a entouré de livres :
on en voit un à ses pieds, un autre sous le coussin qui soutient sa
tête, un troisième derrière le coussin, un quatrième et un cinquième
le long de la muraille. Une inscription en vers, composée par Tito
Strozzi, garnit la face du sarcorphage. De chaque côté, apparaissent
les armoiries du défunt. Au-dessus de ces armoiries sont debout,
dans des niches surmontées de coquilles, à gauche saint Augustin
baissant les yeux comme pour écouter avec plus de recueillement
les inspirations de l’Esprit Saint qui lui parle à l’oreille sous la forme
d’une colombe, à droite saint Jérôme qui, la tête et le torse nus, tient
de la main droite la pierre dont il va frapper sa poitrine, et lève les
yeux vers le ciel. Saint Jean-Baptiste et deux évêques, placés aux
côtés de saint Jean, sont également debout dans des niches au fond
de l’alcôve où se trouve le sarcophage. Les niches sont encadrées par
des pilastres sur lesquels se détachent de magnifiques candélabres
d’un relief léger1. Dans le tympan, au milieu d’une couronne de fruits
et de fleurs, se présente à mi-corps la Vierge avec l’enfant Jésus qui
est assis sur elle, vêtu d’une petite robe, et qui bénit l’évêque.
Deux anges à mi-corps adorent le Fils de Marie. En outre, sept têtes
de séraphins décorent l’archivolte. Deux petits anges nus sont debout,
une grappe de raisin à la main, aux extrémités de la corniche qui
supporte l’archivolte, et saint Georges, au sommet du monument,
plonge sa lance dans la gueule du dragon légendaire.
L’auteur du tombeau de Lorenzo Roverella, avons-nous dit, est
1. La sculpture d’ornementation fut cultivée avec succès, à Ferrare, au xve siècle.
En dehors du tombeau de Roverella, il en existe d’intéressants spécimens. Notons,
dans le cimetière communal, c’est-à-dire dans les dépendances de la Chartreuse,
les charmantes arabesques qui bordent la porte donnant accès au tombeau Bara-
telli et les beaux candélabres qui ornent les pilastres à l’intérieur de cetle
chambre mortuaire. Il faudrait également citer la porte du palais de Schifanoia,
la frise d'enfants nus qui volent en tenant deux à deux des médaillons à l’exté-
rieur de VÉglise de Saint-François, la cour du Palais Beltrame, la façade du Palais
dei Uiamanti, ainsi que celles du Palais Roverella et du Palais Prosperi. — Dans la
première moitié du xvie siècle, on rencontre encore des preuves d’une rare habi-
leté et d’un goût très pur. Ainsi, dans l’Église des Chartreux, église consacrée à
saint Christophe, que de grâce ont les motifs représentés sur la base des piliers,
motifs attribués par quelques personnes à Sansovino 1 Combien sont ravissantes
les deux cheminées qui ornent le Palais municipal après avoir appartenu au Palais
dei Diamantil Mentionnons enfin, dans la sacristie de la cathédrale, les encadre-
ments des fenêtres et les moulures de la cheminée, qu’exécuta, vers 1530, Antonio
da Venezia.
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