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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 1
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Reinach, Salomon: L' origine et les caractères de l'art gallo-romain, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0042

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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

défaut. La même préférence se remarque clans les collections de
bas-reliefs réunies à Trêves, à Dijon, à Bordeaux. En revanche, les
compositions familières sont rares sur le Rhin, où, comme l’a
remarqué M. Iiettner, la romanisation, œuvre des légions et de leurs
clients, a été beaucoup plus complète que dans le nord-est. Dans la
Gaule du nord-ouest, les œuvres d’art sont peu nombreuses, et c’est
l’influence romaine qui y domine. Raison de plus pour ne pas attribuer
à l’art indigène, mais à un enseignement venu du dehors, le caractère
réaliste qu’affectent les bas-reliefs de la région du nord-est et de
T Aquitaine. Si ce caractère était purement celtique, comme on l’a
voulu, c’est dans la partie la moins civilisée de la Gaule qu’il serait
attesté par le plus grand nombre de documents.

A côté des influences alexandrines, faut-il faire une part aux
influences syriennes? La question a besoin d’être mûrement exami-
née, parce que le fait des influences syriennes sur la Gaule impériale
est indéniable. Il est certain qu’au 11e siècle, sinon au ier, Antioche
était, après Alexandrie, le plus grand foyer de la civilisation
grecque en Orient. Dès les débuts de la prédication chrétienne,
les Syriens sont nombreux en Gaule; ils y étaient venus bien avant
pour faire le commerce, s’établissant de préférence à Vienne et à
Lyon1. Saint Pothin, qui introduisit le christianisme en Gaule, est
un Asiatique, peut-être un Smyrnéen, bien que son nom se trouve
aussi en Egypte. Ce furent les colons syriens qui apportèrent à Lyon
l’industrie de la soie; on les rencontre également à Bordeaux. Même
à l’époque mérovingienne, il y a des marchands syriens non seulement
dans le sud de la Gaule, mais à Orléans et â Tours2. C’est à ces colo-
nies que la Gaule romaine dut l’introduction du culte de Mithra, à
moins qu’il ne faille l’attribuer aux légionnaires, qui amenèrent
avec eux Jupiter Heliopolitanus, Dolichenus, la Mère des Dieux,
Atys, etc. Mais il est probable que les commerçants orientaux eurent
aussi leur part dans cet apport de nouvelles divinités. Peut-on, cepen-
dant, admettre que l’influence de la Syrie se soit fait sentir sur l’art
gallo-romain à ses débuts? Ce qui nous éloigne de cette opinion, c’est
le fait qu’au ier siècle de l’empire il n’y avait pas, à proprement
parler, d’art syrien. La Syrie était, à cet égard, une dépendance de
1 Egypte qui seule, vers cette époque, conservait une civilisation
vivace, des richesses épargnées par les longues guerres qui avaient

1. Voir Renan, Origines du christianisme, t. VI, p. 468.

2. Longnon, Géographie de la Gaule mérovingienne, p. 177.
 
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