Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Renan, Ary: La peinture orientaliste
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0056

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA PEINTURE ORIENTALISTE.

51

d’artistes sur chacune de ces innombrables provinces, et faisons
le tour de la Méditerranée.

Le Maroc est la continuation géographique de notre belle Algérie.
Le pays est superbe, les mœurs musulmanes y sont encore suivies à
l’aise, tandis qu’elles sont un peu réglementées par l’administration
française dans nos colonies et nos protectorats. M. Benjamin Cons-
tant a trouvé là carrière à son talent théâtral et robuste. La fougue
de la couleur sauve de tout reproche les femmes esclaves que l’ar-
tiste imagine au fond des sérails... Je le classerais volontiers parmi
les derniers romantiques sans penser lui faire injure.

L’Algérie contient trois ou quatre climats absolument différents
et la nature y est aussi variée que dans nos départements du midi de
la France. On connaît assez la mesure du talent de MM. Ferrier,
Cormon, Friant, Dinet, A. Point, Chudant, Meunier, Brouillet, Paul
Leroy, etc. Alger et la blanche Ivasba où se mêlent toutes les races et
toutes les friperies africaines, la Ivabylie montagneuse, puis la
yastitude ondulée du désert et les chapelets d’oasis, El-Kantara,
Biskra, Laghouat, où le palmier apparaît en énormes bouquets, puis,
plus loin, les oasis pareilles du Sud de laTunisie, sontpeuplés d’artistes
habitués et ont leurs clients attitrés comme certaines localités des
bords de LOise ou de la forêt de Fontainebleau. Les uns copient
avec la précision moderne les dunes, les sables, la rocaille ingrate, les
villages misérables et terreux, les lauriers roses des torrents, les
mille accidents de la nature méridionale; les autres peignent les
mœurs arabes en ce qu’elles ont de plus simple et de plus familier.
Cette école ne vise qu’à l’exactitude, et n’a, à vrai dire, aucune
tendance idéaliste ou philosophique. Pour elle, le Maghreb est
la continuation de la Provence, avec l’appoint d’un peu de singula-
rité.

L’Égypte est un angle privilégié des côtes d’Orient; l’atmo-
sphère y a des qualités spéciales qui donnent à la lumière une
splendeur et aux contrastes des couleurs une force extrême. Jadis,
Belly aima l’Egypte et la vit avec finesse; Fromentin peignit l’eau
du Nil ; Baudry rapporta du Caire des fellahines charmantes dans leur
chemisette bleue. M. Gérômey recueillit de scrupuleux documents sur
l’architecture arabe, sur le fleuve miraculeux et sur les thébaïdes
environnantes ; puis, par un étrange revirement, il choisit, pour motif
de tableaux de nudités, l’ancien thème des bains turcs sans avoir
jamais pénétré dans des établissements de ce genre pendant les
heures réservées aux femmes. Cependant, un artiste trop peu connu,
 
Annotationen