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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 1
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, [7], Les écoles du nord - Rubens et le XVIIe siècle: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0089

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LE MUSEE 1)U PRADO.

83

est le plus rare morceau de virtuosité qui soit tombé du pinceau de
Rubens. Si, du plus loin, tout y révèle la majesté royale, rien de ce
qui fait le charme du portrait féminin n’en est absent. Vêtue de noir,
la reine s’enlève presque en/silhouette sur une draperie d’un ton
d’or, tracée en quelques coups de pinceau, et nulle description ne
saurait traduire la richesse de cet accord de trois notes, le noir
profond du satin, le merveilleux éclat de la grande fraise en éventail,
enfin, le jaune du fond. Les carnations sont incomparables de fraîcheur.
Si Marie de Médicis n’est plus jeune, car déjà sa blonde chevelure
grisonne, elle est restée fort belle, et, sous le pinceau de Rubens, son
visage s’anime d’un sourire absolument enchanteur. Ce portrait, qui
n’a jamais été gravé, fournirait matière à une de ces planches que
tout le monde voudrait avoir.

Le Jardin d’Amour, El Sarao, c’est-à-dire la Réunion galante, —
titre qui, déjà, suggère ce rapprochement avec les œuvres de Watteau,
— fut pour Philippe IV une conquête qui avait presque de quoi le
dédommager de la perte d’une province. Jalousement, le roi fit placer
la peinture dans sa chambre à coucher pour l’avoir sans cesse devant
les yeux.

Tout ensemble réelle et idéale, cette conception nous montre
Rubens sous un aspect en quelque sorte imprévu, bien qu’il ait dès
longtemps lassé notre surprise, et ce n’est pas la moindre de voir ce
vigoureux brosseur à la tète du cortège brillant de peintres qui se
sont fait les illustrateurs de la vie élégante, parmi lesquels Watteau
tient une place si distinguée.

Les poètes chantent à l’envi cette heure délicieuse où la nuit qui
s’approche environne la nature des pénombres chères aux amoureux
et aux rêveurs. Le peintre la célèbre à son tour, en des accents
enchanteurs.

Dans un jardin idéal, où l’eau des belles fontaines jaillit dans les
vasques de marbre, où les amours peuplent les buissons de roses, les
fiers cavaliers et les belles dames, — eux au nombre de quatre, elles
au nombre de sept, — échangent de doux propos. Tout cet ensemble
est harmonisé avec un art infini et la rigoureuse fidélité du costume
ne nuit en aucune sorte à sa valeur poétique.

Les acteurs de la scène, presque de grandeur naturelle, ne
seraient autres, assure M. Rooses, que les membres de la famille
Fourment à laquelle, précisément, appartenaient sept filles, dont
Hélène, la femme de Rubens, n’était pas seule douée d’attraits, le
savant critique ayant pu identifier, avec le modèle du Chapeau de
 
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