Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 10
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0245

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
COURRIER DE L’ART ANTIQUE.

235

récemment ', ont trait à l'aventure d’Ulysse chez Circé, qui, clans Homère
déjà, touche par instants à la comédie. C’est au temple des Cabires, près de
Thèbes, qu’on a découvert ces amusantes compositions ; par une heu-
reuse rencontre, elles se complètent et forment comme deux chapitres suc-
cessifs de la même histoire1 2. Ulysse, prévenu par Euryloque que la
magicienne change ses compagnons en pourceaux en leur faisant boire une
liqueur préparée par elle, s’est mis à l’abri du péril en mangeant l’herbe
appelée Moly, antidote que lui a donné Hermès. Il arrive donc sans crainte
devant l’Océanide, figurée ici sous les traits grotesques d’une vieille
sorcière. Celle-ci lui présente le breuvage magique, avec la grâce d’une
cabaretière de Callot accueillant un vagabond dans une cour d’auberge. Le

ULYSSE ET CIRCÉ, SUR UN VASE BÉOTIEN.

(Musée Britannique.)

lieu de la scène est indiqué par un métier à tisser, derrière lequel se tient
accroupi un des compagnons déjà métamorphosés d’Ulysse, apparemment
très satisfait de sa condition. Dans Homère, Ulysse commence par boire ce
que lui offre Circé ; puis, quand la magicienne, voyant que son philtre est
sans effet, veut toucher le héros avec sa baguette, celui-ci se fâche, tire son
épée et se précipite sur elle ; il faut qu’elle tombe à genoux et implore sa
grâce.

L’auteur du second vase paraît avoir cru que la baguette magique de
Circé était identique à l’agitateur avec lequel elle remue le breuvage; elle
est au moment de l’en retirer pour toucher Ulysse lorsque l’hôte devient
menaçant et brandit son glaive contre la sorcière. Le troisième acte,
qu’un autre vase nous montrera peut-être un jour, serait l’humiliation de
Circé, reconnaissant dans Ulysse le vainqueur que lui ont annoncé les

1. Journal of hellenic sludies, 1892-93, p. 81, fig. 2 et pl. IV.

2. La première de ces peintures est gravée en tète du présent article.
 
Annotationen