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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 5
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Maindron, Maurice: Les collections d'armes du Musée d'Artillerie, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0425

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COLLECTIONS D’ARMES DU MUSÉE D’ARTILLERIE. 409

mener à la vérité. D’ailleurs les artistes flamands étaient d’une habi-
leté consommée.

Il faut dire qu’au commencement du xvne siècle, en Italie comme
ailleurs, les artistes en fer rivalisaient de précieux dans l’exécution
des œuvres; à Brescia notamment vivait un armurier illustre entre
tous pour l’art avec lequel il sculptait et ajourait à l’infini les gardes
et les pommeaux de stylets et d’épées, y détachant des séries de
petits grotesques mêlés à des ornements feuillus. Ainsi, il y a peu
d’années, les forçats employaient-ils leurs loisirs à ciseler des coos.
Un des plus célèbres ciseleurs de cette époque fut un Français qui
était allé s’établir à Florence; là, Guillaume Lemaître se fit nommer
maître Guglielmo, et acquit une réputation européenne par l’habileté
avec laquelle il sculptait et incrustait le fer. Les éloges que lui
prodigue l’armurier Petrini, plus jeune de quelques années, atteignent
au dithyrambe : « Il a fait une petite cassette longue de deux tiers
de brasse environ, tout en fer travaillé en bas-relief, avec des
corniches et des figurines de fer, laquelle fut estimée un million cl’or
environ. » L’enthousiasme emporte le panégyriste au delà de la vérité
sans doute, mais il n’en continue pas moins : « Et celui qui la fit
exécuter fut le sérénissime Cosme second, de très heureuse mémoire,
qui prenait un vif plaisir à voir travailler le fer en bas-relief et en
intailles, et qui, de son temps, fit faire beaucoup de travaux. Cet
artiste était renommé dans toute l’Europe où on l’appelait le grand
maître de Florence k cause de la célébrité de ses œuvres. » Ce Guillaume
Lemaître nous fait encore tout l’effet de ces orfèvres de l’acier qui
devaient passer des mois sur l’ornement courant et ajouré d’une
coquille de rapière. Tels furent sans doute aussi les derniers descen-
dants des plus illustres forgeurs d’épées de Milan, les Piccinino, dont
le plus vieux, Lucio, contrefaisait même les œuvres des Negroli.

Un superbe casque de parement du Musée d’Artillerie dont le
Comité technique possède une magnifique photographie qu’il n’a pas
cru utile de livrer au public — et c’est pourquoi nous 11e pouvons le
reproduire ici — est attribué à ce Lucio Piccinino. C’est une bour-
guignote à l’antique, du plus beau dessin, la crête est formée par un
guerrier renversé, qui regarde en l’air, chacune de ses longues
moustaches est tenue par une femme demi-nue, la Guerre et la
Renommée, sans doute, qui affrontent le timbre près de l’avance.
Quelques séries d’ornements feuillus sont parsemées sobrement en
incrustations d'argent. Tel est sommairement décrite cette admi-
rable bourguignote dont M. Desgoft'e a donné une belle reproduc-
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