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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 6
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Wyzewa, Teodor de: Le Salon de 1894, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0486

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LE SALON DE 1894.

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marines, dont l’une. Calme avant ïorage, a quelque chose de la tranquille
grandeur d’un Ruysdaël. M. Harrison continue à varier les teintes
de ses marines, sans trop se soucier de leur vérité. Et un jeune homme,
M. Conder, tente de renouveler le paysage en y introduisant des
intentions symboliques. M. Thaulow est toujours l’habile praticien
que l’on sait. Enfin, un Allemand, M. Truebner, apporte à Paris un
écho de l’art brutal et singulier de Bœcklin.

Parmi les animaliers, M. Burnand mérite une mention toute
spéciale. Son Paysan marchant en tête d’un superbe attelage de bœufs
est à la fois une très savante étude du réel et une suggestive image
de la grandeur poétique des travaux champêtres. M. Bisbing,
ne m’en voudra pas de le citer en second, quoique ses bœufs soient
fort remarquables.

Je dois mentionner à part deux frères, MM. Lucien et Georges
Griveau, qui, renonçant à toute originalité extérieure, ont eu l’in-
génieuse idée de revenir purement et simplement à l’imitation des
paysagistes d’il y a trente ans. M. Georges Griveau, en particulier,
expose des imitations de Corot et de Rousseau tout à fait jolies. Si je
vous disais avec quel bonheur je les ai vues, et la reconnaissance que
je leur garde pour les minutes de plaisir qu’elles m’ont procurées,
peut-être me soupçonneriez-vous de ne pas admirer suffisamment
l’art de mon temps. Mais tout de même je ne résiste pas au désir de
féliciter MM. Griveau. Je les félicite de leur courage; et de ce qu’ils
ont ouvert la voie à une foule de leurs confrères; et surtout de ce
qu’aux laideurs d’à présent ils ont hardiment préféré la belle pein-
ture d’autrefois. Plusieurs peintres imitent M. Carrière sans qu’on
songe à le leur reprocher : de quel droit reprocherions-nous à
MM. Griveau d’imiter Corot?

Je m’aperçois que je n’ai rien dit de quelques peintres de marine
français qui, autant que M. Moore, méritent d’être nommés : tels
M. Duthoit, M. Liot, M. Sabattier et M. Henri Guérard, le maître
graveur. Les peintres de marine officiels ont eu cette année fort à
faire : l’arrivée de l’escadre russe à Toulon leur a fourni un sujet
aussi intéressant que nouveau. Nous devons à cet événement politique
une quantité considérable de vues de Toulon, ce dont ne manqueront
pas de se réjouir, comme moi, tous ceux qui ont eu comme moi
l’occasion de connaître assez pour l'adorer la ville maritime la plus
belle, la plus vivante du monde entier.

Le genre de la nature-morte agonise. Jamais, je crois, on n’a
 
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