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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 1
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Foville, Jean de: Carpeaux et Ricard: á propos d'une exposition récente
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0012

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S)

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

traste frappait, dès le seuil, et, d’ailleurs, ajoutait aux plaisirs tour
à tour vifs et profonds que nous goûtions dans les deux salles où se
groupaient tant d’œuvres de ces maîtres, — poètes l’un et l’autre,
mais sur des modes si divers!

Notons aussi que, de cette diversité foncière des deux admirables
artistes, naît une grande diversité d’effet : Carpeaux certes s’impose
plus vite, plus tumultueusement à l’attention. Déjà familier à la
foule élégante qui vient à lui, il la ravit par ses dons merveilleux
d’abondance, de mouvement, d’esprit, d’imagination savoureuse et
variée : on le retrouve avec joie et on peut le goûter même au
milieu d’un public nombreux. Les œuvres de Gustave Ricard sont
moins à l’aise sous tant de regards. Les visiteurs pressés ou distraits
se sentaient eux-mêmes un peu gênés par cette assemblée de visages
pensifs. Mais ce génie contemplatif reprenait sa revanche aux heures
où les salles de l’Exposition étaient presque désertes. Et même, remar-
quons-le tout de suite, l’Exposition tirait beaucoup plus d’importance
des Ricard qu’elle nous montrait que de tous les Carpeaux qu’elle
réunissait : en effet, le sculpteur d'Ugolin et du groupe de la Danse a
été bien des fois étudié, et avec bonheur ; célèbre dès son vivant, il est
populaire aujourd'hui; ses chefs-d’œuvre, faciles à trouver, repro-
duits partout, n’ont cessé de conquérir à la fois la foule et les déli-
cats. S’il a passé pour novateur, c’est aujourd’hui, parmi les clas-
siques de l’art français, Lun des plus universellement aimés. Il n’en
va point de même de Ricard. Ricard est mort, révéré sans doute de
quelques amis, mais ignoré de la masse. Ses admirateurs mêmes
n’osaient pas affirmer tout son génie; ils n’espéraient point pour lui
toute la gloire qui, lentement, est venue éclairer sa grave figure.
« Nous croyons fermement que quelques-unes de ses œuvres reste-
ront », écrivait Charles Yriarte ici même, à la mort de Ricard, et
non sans quelque timidité; il eût pu nourrir pour le grand portrai-
tiste une ambition plus ample. Ce n’est que peu à peu, du reste,
et d’année en année, que le peintre mort a attiré à soi, si fortement,
presque mystérieusement, des esprits réfléchis, de plus en plus
nombreux. L’entrée au Louvre du fameux portrait de Mme de Calonne
a contribué beaucoup, sans doute, à valoir à Gustave Ricard des
admirations passionnées : le douloureux regard de ce portrait a pris
quelque chose de la puissance d’attrait qu’on attribuait à la Joconcle.
Mais, depuis 1873, les œuvres du maître n’avaient jamais été réunies
en quantité aussi considérable. Peut-être, d’ailleurs, gagnent-elles
encore à plus d’intimité. Malgré cela, pour tous ceux qui vénèrent
 
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