Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

LA NAUMACHIE DU PARC MONCEAU EN 1783
EXTRAIT DU PLAN DU « PARC MONCEAU », PAR LE ROUGE
(Cabinet des Cartes, Bibliothèque Nationale.)

L’ART A L’EXPOSITION DU CABINET DES CARTES

Quand on quitte des yeux la Table de Peutinger pour porter
son regard sur ces feuilles précises et détaillées que publient
les modernes états-majors de l’Europe moderne, on a peine
à comprendre comment quinze siècles d’observations ont à ce point
transformé l’image réelle du monde. Une seule chose frappe d’abord
le spectateur : chez le cartographe le savant a tué l’artiste. Les
forêts, les villes, les mers, les étendues inexplorées, jadis figurées
si vivantes avec leurs arbres, leurs tours, leurs vaisseaux, leurs
habitants véritables ou imaginaires, n’apparaissent plus aujourd’hui
que sous la forme énigmatique de taches, de bandes, de semis
multicolores dont une légende, dissimulée dans quelque angle peu
apparent, révèle le sens au seul initié. Comment s’est accomplie
cette évolution? Quels en ont été les résultats au point de vue de
l’art? C’est ce que l’actuelle Exposition du Cabinet des Cartes engage
à rechercher. Organisée par des spécialistes dans un intérêt général1,
elle ne vise point les artistes, qui néanmoins sauront y trouver une
leçon. Notre époque, semblable en cela aux plus grandes périodes de

1. L’Exposition a été inaugurée le 13 mai. Le catalogue, dû à M. L. Vallée,
auquel renvoient les notes, compte 345 numéros.