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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 2
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Du Bus, Charles: L' art à l'exposition du Cabinet des cartes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0135

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L’ART A L’EXPOSITION DU CABINET DES CARTES 119

l’histoire de l’art, ne tâche-t-elle pas justement à embellir toute la
vie, à donner à toutes les manifestations de l’activité humaine celte
parure esthétique qui est la marque même de la civilisation? Il ne
paraît pas, en conséquence, inopportun d’indiquer quelle place l’art
peut espérer dans l’étude moderne de la géographie.

Il était assez naturel à l’homme de se représenter à l’origine,
sous la forme d’un disque, puis d’une sphère, cette terre, sa demeure,
qu’illuminent deuxglobes inégaux. Philosophe, géographe, voyageur,
il mit vingt siècles à en dessiner les grandes lignes; astronome,
il anima le mystérieux éther, chaque jour élargi, de tous les dieux
de l’Olympe et de cette cohorte redoutable de monstres dont les
constellations repéraient les formes gigantesques. Le grand siècle
vit l’apogée du thème. L’ « honnête homme », gravissant le marbre
solennel des degrés, dut se complaire à l’aspect des globes monumen-
taux, dont l’ample et meublante rotondité s’adornait d’un cuivre
discret, chuchotant leur caractère scientifique. Fièrement campées
sur leurs hauts pieds de bois aux griffons sculptés, les machines de
Coronelli1 se partagent le ciel et la terre. Ici, les continents mal
connus encore, l’Asie où défilent les caravanes, l’Afrique, mère des
fauves, l’Amérique, patrie des cannibales, et, entourant le tout,
l’humide empire des narvals et des haleines empressés autour des
vaisseaux et des jonques qui promènent aux plus lointains rivages
le commerce et la guerre. Là, les signes du Zodiaque, le Lion et le
Cancer aux prises, le Sagittaire décochant ses flèches au Taureau
furieux... Mais les découvertes multipliées relèguent bientôt vers les
Thulés ultimes ces indigènes, ces animaux qui régnaient jadis à
l’intérieur des mondes. Et c’est la fin des beaux globes.

Aussi bien l’incommodité pratique de ceux-ci leur avait-elle de
bonne heure substitué les cartes, plus favorables à la décoration. Si
le cartographe ne s’inquiète que des côtes et des mers, livrant les
contrées à la fantaisie du miniaturiste, la plus magnifique floraison
peut jaillir librement d’un pinceau épris de réalisme. Qu’importent
au navigateur ces continents étrangers à sa sécurité? Mais ce marin

J. Catalogue, nos 281, 283. Ce sont des réductions des originaux qui appar-
tiennent aussi à la Bibliothèque depuis 1722, et proviennent de Marly et du
Louvre. (Bib. Nat., Cartes, Inventaire général, 3-4.)
 
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